Nous refermons cette grande et longue page 24 Heures du Mans avec un bilan de la rédaction d’Endurance24. Etant en pleine épreuve de Baccalauréat, nous avons établi une « sorte » de bulletin scolaire. N’hésitez pas à nous donner, vous aussi, vos plus et vos moins…
Avis favorable
Les Hypercars
La liste était superbe sur le papier. Elle l’a été tout autant en piste et les promesses de grosses bagarres tenues. Jamais cette épreuve n’avait vu autant de prétendants à la victoire et surtout autant de constructeurs officiels en catégorie reine. Voir cette longue fil d’Hypercars lors des premiers tours a été un sentiment difficilement descriptible.
Ferrari, et de deux !
Evidemment la victoire de Ferrari doit faire partie de ces « plus ». Grâce à une belle stratégie et quelques risques, Ferrari s’impose pour la 2e fois de suite au Mans et signe seulement sa 2e victoire en WEC (Le Mans à chaque fois) grâce à Antonio Fuoco, Miguel Molina et Nicklas Nielsen. Il s’agit du 11e succès de la marque italienne en Sarthe.
Toyota et Porsche à l’affut
Les deux plus sérieux adversaires tout au long de la course auront été Toyota et Porsche qui n’ont pas démérité du tout. Très souvent aux avant-postes, Toyota a fait une très belle course, mais a de nouveau échoué face à Ferrari, terminant 2e. Cela s’est joué à peu de choses : 14 secondes sur la ligne. Les mauvaises langues disaient depuis un moment que la victoire de Porsche était programmée (par l’ACO et la FIA ?) mais le verdict de la piste a remis tout le monde à sa place. La meilleure 963, la n°6 du trio Kévin Estre, André Lotterer et Laurens Vanthoor doit se contenter de la 4e place, mais cela ne remet pas en cause le superbe début de saison de la marque allemande : victoire à Daytona, en tête en IMSA, deux succès en WEC et là aussi en tête du WEC. Il a manqué peu de choses à Porsche pour signer sa 20e victoire en Sarthe. Consolation pour Porsche avec la superbe victoire de l’écurie Manthey EMA avec la 911 GT3-R n°91. Sans un incident de boite de vitesses sur la n°92, le doublé était jouable.
Lamborghini et Isotta à l’arrivée
Parfois critiqué, Lamborghini a fait une course solide. Les deux SC63 n’ont jamais pesé sur la course, mais des trois constructeurs arrivés cette année avec deux autos (avec BMW et Alpine), la marque italienne termine avec 100% de son effectif et avec, à la clé, un top 10. Beaucoup pensaient qu’Isotta Fraschini, véritable petit poucet de cette 92e édition, serait la première équipe à abandonner, mais ce ne fut pas le cas. Mieux, la Tipo 6 LMH Competizione termine et c’est déjà une victoire pour Isotta et Duqueine.
Les équipes chevronnées se distinguent en LMP2
On annonçait une catégorie LMP2 moins forte, mais la bagarre a été là. United Autosports a une nouvelle fois démontré qu’elle était la référence en LMP2 avec une 2e victoire au Mans, pourtant avec un équipage composé de deux Rookies. Ce fut moins bien avec les McLaren 720 Evo mais cela semble évoluer dans le bon sens. Belle course également d’Inter Europol Compétition qui confirme, à nouveau, que la victoire 2023 n’était pas volée. Chapeau à IDEC Sport pour son premier podium sarthois depuis 2017, à AF Corse et François Perrodo pour leur première victoire en Pro Am et à DKR Engineering pour le 3e podium de suite au Mans.
Ford et Lexus
La belle surprise en LMGT3 est venue de Ford et de Lexus qui ont longtemps occupé les avant-postes. En grande difficulté en courses plus « sprint » en WEC, la Mustang GT3 et la RC F GT3 ont fait une belle course avec, même un podium à la clé pour l’américaine de Detroit. de quoi redonner le sourire à Christian Ried et Jérôme Policand, les responsables de Proton Competition et Akkodis ASP.
Les annonces de l’ACO
Lors de la traditionnelle conférence de presse de l’ACO, il a été annoncé que la présence des LMP2 actuelles était assurée jusqu’à fin 2027, une bonne nouvelle économique pour les concurrents. L’homologation des Hypercars est prolongée jusqu’à 2029 et via Aston Martin on devrait enfin voir une Hypercar en IMSA ! L’arrivée des deux Valkyries est aussi une excellente nouvelle pour le championnat et pour le Mans. Deux Hypercars sont désormais obligatoire en WEC, de quoi encore renforcer la qualité du plateau.
Le public
Bravo à vous tous de vous être déplacés si nombreux (329 000). Même sous temps de pluie vous étiez là, présents. Mais on atteint la limite de capacité les accès au circuit et le déplacement à l’intérieur étant de plus en plus compliqués…
Doit faire ses preuves
Cadillac en difficulté
Cadillac restait sur un podium au Mans et une 4e place en 2023. Mais 2024 a été difficile pour la marque de Detroit en proie à un déficit de pointe de vitesse. L’Hyperpole était l’arbre qui cachait la forêt car, en course, les trois V-Series.R ont souffert : accident, soucis mécaniques, etc… Cadillac doit cette fois-ci se contenter de la 7e place, maigre bilan avec trois autos au départ. Bilan mitigé aussi pour Corvette qui a peiné en LMGT3.
BMW en souffrance
Les essais qualificatifs (meilleur temps) puis l’Hyperpole avaient laissé entrevoir une éclaircie pour BMW, mais deux sorties de piste ont mis à mal les chances des deux Hypercars de Munich. On peut compter sur WRT et Vincent Vosse pour revenir plus fort l’an prochain. Belle 2e place, par contre, pour la BMW M4 GT3 n°31 en LMGT3 au prix d’une course solide. Pas de drapeau à damiers pour Valentino Rossi, mais le pilote italien a beaucoup appris…
LMGT3
De superbes bagarres dans cette discipline comme au temps des GTE Pro et GTE Am, on ne s’est pas ennuyé. Mais rendez nous un peu de son des moteurs…
Avis défavorable
Peugeot et Alpine, les Bleus dans la douleur
Déception des deux 9X8 pourtant soit disant dessinées pour le circuit des 24 Heures. Elles terminent 11e et 12e à deux tours des vainqueurs avec un quart de course disputé sous Safety Car. On attend mieux de ce programme commencé en juillet 2022 même si l’évolution date du début de l’année. Chez les autres bleus, Il n’y avait plus d’Alpine en course après six heures (vraisemblablement des soucis moteur ?) Dommage car les deux A424 ont montré du potentiel lors des essais, passant en Hyperpole (n°35) au contraire de Peugeot.
Omniprésence des Hypercars
Pas mal de téléspectateurs se sont plaints de l’omniprésence des Hypercars lors des retransmissions. Sur place, on peut aussi déplorer cette tendance (beaucoup de points presse des constructeurs pour ne pas annoncer grand chose) car le LMP2 a été anonyme en termes de conférence de presse et de visibilité tout comme le LMGT3 avec peu de mise en avant. Certes, l’Hypercar est la vitrine de l’Endurance et c’est très bien, mais n’oublions pas les autres acteurs.
L’Oreca n°23
Grandissime favorite en LMP2, l’Oreca n°23 United Autosports de Ben Keating, Ben Hanley et Filipe Albuquerque a déçu, terminant loin. Idem pour COOL Racing et ses deux autos ainsi qu’Algarve Pro Racing.
L’agressivité des pilotes
Nombreux ont été les contacts entre Hypercars et GT3 ou même entre Hypercars. Certes, des pénalités sont tombées (certaines pas toujours compréhensibles voire légères), les pilotes prenant parfois (trop) de risques. Citons, entre autres, l’accrochage entre Robert Kubica (Ferrari n°83) et Dries Vanthoor (BMW n°15)…