Robert Kubica a un programme chargé cette année. Il roule en effet en WEC pour le compte d’AF Corse en Hypercar au volant de la Ferrari 499P privée, mais aussi en ELMS sur l’Oreca 07 d’AO by TF. Endurance24 a pu s’entretenir avec le pilote polonais qui visera un nouveau titre ELMS…
Samedi après midi, 18 h. Nous sommes conviés à rencontrer Robert Kubica dans la structure TF Sport du paddock de Barcelone. Le temps est magnifique et, à notre arrivée, l’ancien pilote de F1 est déjà là depuis plusieurs minutes, devant le réceptif, accaparé par tous ses fans. L’homme de 39 ans se prête plus que volontiers aux photos, dédicaces, selfies, signatures, etc…
Il prend son temps, semble profiter un maximum de ce moment de partage…« Ça fait partie du jeu » nous avoue-t-il. « Ces gens montrent leur reconnaissance et c’est agréable de voir des jeunes supporters. Lorsque je courais en Formule 1, la plupart d’entre eux n’étaient même pas nés ou peut-être tout juste et ils ne se souviennent donc pas de moi. Bien sur, j’ai couru en Formule 1 en 2019, mais la saison a été très difficile.
Cela montre aussi que j’ai fait quelque chose de bien dans ce sport, c’est agréable. Je pense qu’il y a des pays où, comme en Espagne, en Italie, j’ai pas mal de fans et beaucoup de gens se souviennent de moi. Je ne suis pas un homme à réseaux sociaux. Les pilotes de la nouvelle génération, eux sont populaires s’ils ont un beau compte Instagram et sont présents en ligne. Dès qu’il font quelque chose, il faut qu’ils le partagent avec leur public. Je ne suis pas ce genre de personne, donc c’est bien de voir tous ces fans devants le motor home. »
Robert Kubica : « L’expérience ne se trouve ni dans les livres, ni au supermarché »
Robert Kubica est arrivé en Endurance par le bais, entre autres, de l’ELMS (avec Team WRT). Après une seule saison (2021) et un titre, il s’est tourné vers le WEC. Après plus de deux ans hors de la série européenne, le voilà de retour aux sources.
» En 2023, je n’ai couru qu’en WEC, donc que sept courses, mais c’était mon choix. J’ai senti qu’entre les années COVID, 2020 où je combinais le DTM et la Formule 1 (pilote de réserve Alfa Roméo), puis l’Endurance avec le travail en Formule 1 avec beaucoup de voyages, je sentais que j’avais besoin de réduire un peu. L’an dernier, je me suis rendu compte que la passion était toujours là et que la compétition me manquait. Le WEC a une course de plus cette saison et j’ai réussi à mettre en place un 2e programme avec AO by TF en LMP2. Le niveau très élevé en ELMS, particulièrement cette année, et comme j’ai toujours été un grand fan des courses au plus haut niveau possible, je suis heureux d’être ici. »

© TF SPort
La grande nouveauté pour lui en ELMS ne réside pas forcément dans ses coéquipiers, mais plus dans l’équipe, TF Sport, structure qu’il ne connait pas du tout.
« Quand vous rejoignez différentes équipes, différentes cultures, vous prenez conscience que chacune d’entre elles, vue de l’extérieur, se ressemble, mais en fin de compte, elles ont toutes leur propre façon de fonctionner et de travailler. Etant présent depuis longtemps dans le paddock de différentes catégories, j’ai une certaine expérience et je pense que je sais assez bien ce qui est nécessaire pour être compétitif sur la piste, mais aussi en dehors. Nous travaillons bien pour le moment chez TF. C’est une équipe un peu mixte parce que la plupart des personnes qui travaillent autour de la voiture ou dans le garage (du point de vue mécanique) sont britanniques. Du côté de l’ingénierie, nous avons trois personnes qui viennent de France.
Nous avons tous les ingrédients pour réussir
Comme toujours, c’est un nouveau défi. Il faut apprendre à se connaître, essayer de se comprendre, mais je pense que nous pouvons être compétitifs. Nous avons tous les ingrédients pour réussir avec une équipe très forte. Avec Louis, c’est ma quatrième saison et je pense que nous avons fait de bonnes choses les années précédentes. Jonny (Edgar) est extrêmement compétitif et aussi très intelligent en dehors de la voiture, c’est agréable de travailler. »
Depuis quatre ans, Robert Kubica est associé à Louis Delétraz. Au fur et à mesure, une vraie complicité est née. Le Suisse ne tarit pas d’éloge sur Robert Kubica. Une relation spéciale est née, un peu comme un grand frère / petit frère.
« L’une des premières fois où j’ai rencontré Louis, c’était ici à Barcelone il y a trois ans, lors de nos premiers jours avec Team WRT. Pour plaisanter mais aussi pour voir un peu sa personnalité, je lui ai demandé s’il savait quel avait été le moment le plus chanceux de sa carrière de pilote. Il m’a répondu : « Qu’est-ce que tu veux dire ? Je ne sais pas ! » Il m’a dit quelque chose et j’ai répondu : « C’est de m’avoir en tant que coéquipier ». C’était de la provocation, mais je pense que si je revenais 15 ans en arrière, quand j’étais jeune, c’était un processus normal.
Avec l’âge, vous changez, vous êtes capable de voir les choses de manière plus large. C’est un grand avantage que j’ai sur certains jeunes pilotes. Je vois avec Louis, il est déjà un pilote différent, une personne différente de celle que j’ai rencontrée, c’est normal. Quand on est jeune, on veut se faire remarquer, on veut montrer aux gens qu’on est compétitif. En endurance, c’est différent. Je vois ce genre de courses comme un seul objectif qui doit être commun : amener la voiture aussi vite que possible jusqu’à la fin, jusqu’au drapeau à damiers. Quoi qu’il faille faire, il faut être prêt à le faire et parfois, cela signifie ne pas être le plus rapide, ne pas avoir toujours des pneus neufs.
Nous devons nous aider les uns les autres
Au final, je pense que nous avons réussi à bien répartir les tâches. Je sais où je peux aider, où mon expérience peut être utile. C’est vrai que c’est bien d’avoir des pneus neufs, ce serait bien de faire plus de qualifications, mais dans l’ensemble, nous savons tous les deux que nous pouvons faire du bon travail dans toutes les conditions. Avec Louis, nous avons toujours des discussions ouvertes, ce qui n’est pas, je pense, toujours le cas dans les différentes équipes. Et il faut qu’il en soit ainsi. J’essaie toujours de faire comprendre aux pilotes que notre objectif n’est pas d’être le plus rapide que sur deux, trois tours ou d’avoir une bonne moyenne dans tel secteur. Ce qui compte, c’est le résultat final, nous devons être capables de faire tout ce qui est nécessaire pour y parvenir et nous devons nous aider les uns les autres. Parfois, on peut avoir un meilleur jour ou un mauvais, mais le plus important est d’être un groupe uni et nous aider mutuellement. »

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