| 11 mai 2024 | par

Pierre-Jean Tardy (Alpine) : « Éventuellement faire les 24 Heures du Mans en Hydrogène ! »

© FIA WEC / DPPI

Pierre-Jean Tardy est ingénieur en chef Hydrogène, principalement les motorisations et les systèmes de stockage, pour le compte d’Alpine. Lors de la présentation officielle de l’Alpenglow Hy4 qui va boucler ses premiers tours de piste à l’occasion des 6 Heures de Spa-Francorchamps ce samedi 11 mai, il a répondu aux questions d’Endurance24 sur ce nouveau prototype.

Que pouvez-vous nous dire de la voiture ?

« Alors c’est un prototype hydrogène, un laboratoire roulant qui nous permet de développer, d’explorer des technologies hydrogènes. Dans un premier temps, le moteur à combustion interne, mais dans un 2e temps, il y aura probablement des successeurs de cette voiture déjà avec un nouveau moteur qui sera plus performant, et puis aussi pour développer l’hydrogène liquide, le stockage en hydrogène liquide.

C’est un démonstrateur technologique, mais en même temps, un avant-goût du design des Alpine de série ou de course de l’avenir. Cette Alpenglow a plusieurs rôles : montrer la volonté d’Alpine d’anticiper un avenir qui aille vraiment dans le bon sens au niveau de la décarbonation et notre style car je pense que notre équipe de design est vraiment très talentueuse. Je trouve que c’est une voiture très réussie au niveau design. »

Cette voiture va rouler ce dimanche à Spa puis lors d’une parade aux 24 Heures du Mans avec la Mission H24 et le prototype Hydrogène de Toyota ? 

 » Elle va effectivement rouler, on va faire quelques tours du circuit. Elle roulera à nouveau au 24 Heures du Mans lors d’une parade. Ça va rouler normalement assez vite. »

C’est une voiture qui est destinée pour les routes de tous les jours, pour faire de la compétition ou les deux ?

« En fait, ça préfigure un petit peu les deux. Cette Alpenglow nous permet d’accélérer la possibilité de faire des voitures de course à hydrogène, mais aussi, pourquoi pas, des voitures de série à hydrogène alpine dans le futur. »

Pierre-Jean Tardy (Alpine) :

© FIA WEC / DPPI

C’est-à-dire aussi que, comme l’ACO veut aussi développer l’Hydrogène et espère créer une catégorie Hydrogène aux 24 Heures du Mans (à l’horizon 2027 ?), on peut imaginer que vous anticipez ça…

« Absolument, oui, ça fait partie de nos idées, on a en ligne de mire éventuellement de faire les 24 Heures du Mans, on a cela derrière la tête. Il n’y a rien de décidé aujourd’hui, mais en tout cas on se met en position de pouvoir y participer et on développe pour être prêt au bon moment.

Pouvez-vous nous donner quelques données techniques ?

« Alors là, c’est la version 4 cylindres. Le Hy 4 2 litres turbo. Il fait 340 chevaux, 250 kilowatts. Il a un régime maxi de 7000 tours minutes. La puissance maxi est développée aux alentours de 6000 tours minutes. »

© FIA WEC / DPPI

Cela veut dire qu’il en existe une deuxième version ?

« Il y aura la grande sœur de cette voiture qui sera équipée d’un V6 plus tard, mais je ne peux pas trop vous révéler les caractéristiques techniques. Tout ce que je peux vous dire c’est qu’il tourne déjà au banc. C’est un moteur qui est plus ambitieux en termes de puissance et il surtout complètement dessiné d’une page blanche autour de la combustion hydrogène. C’est d’ailleurs un moteur qui est dédié à la combustion hydrogène de manière à essayer d’optimiser le rendement de la combustion avec ce combustible. »

Vous avez déjà fait déjà beaucoup de tests ? Il y a peut-être encore des séries de tests qui vont arriver.

« Oui, alors le moteur il est au banc déjà depuis quelques temps. On a beaucoup fait de tests avec le 4 cylindres, on a beaucoup appris au niveau de la technologie, de la combustion avec le 4 cylindres. On fait aussi beaucoup de simulations, on a entièrement conçu la chambre de combustion du système d’admission du V6, l’échappement, l’injection à partir de méthodos de ce qu’on appelle la CFD, c’est-à-dire des simulations numériques mécaniques des fluides, et des méthodos qu’on a développés pour optimiser les moteurs de Formule 1. Ils sont adaptés en l’occurrence à l’hydrogène, avec en plus des données expérimentales qui nous proviennent de ce moteur 4 cylindres. »

On parle beaucoup d’électrique, mais on parle aussi pas mal de l’hydrogène. C’est quoi la solution ? Ça va remplacer l’électrique ? Les deux vont cohabiter ?

 » Clairement, on est nous convaincus que l’avenir de la mobilité, il n’y a pas une solution miracle qui va s’imposer. C’est un mix de solutions qui vont complètement dépendre du besoin du client. Vous aurez beaucoup de voitures électriques, des voitures à hydrogène soit avec des piles à combustible soit avec des moteurs à combustion interne. Tout va dépendre du besoin du client. »

© MPS Agency

Comment mettez-vous l’Hydrogène dans la voiture ? 

 » Sur le côté, il y a un petit truc rouge (sorte de valve). C’est là qu’on branche le pistolet et on remplit l’hydrogène en quelques minutes sur une station. Avec cette voiture, l’hydrogène est gazeux, c’est la première étape et il est gonflé à 700 bar. On a trois réservoirs à 700 bars, donc on a un peu plus de 6 kg d’hydrogène dans la voiture. »

Est-ce qu’il y a une forme de synergie entre les équipes F1, Endurance, Hydrogène ?

 » Oui complètement. J’ai fait toute ma carrière sur les moteurs de Formule 1 et on applique complètement les méthodologies qu’on a développées sur la Formule 1 pour ce moteur hydrogène. »

On arrivera aussi certainement un jour peut-être en Formule 1 avec ce genre de technologie ?

 » Ce serait vraiment une excellente chose parce que c’est vraiment pour nous, en termes de compétition, une technologie qui est extrêmement prometteuse et, en plus, elle préserve, par rapport aux technologies électriques, ce côté émotionnel du bruit, des vibrations, de la musicalité des moteurs. Ç’est quelque chose qui va rester identique à ce que l’on a avec les moteurs à essence aujourd’hui. »

© Alpine

ALPINE ALPENGLOW HY4

Passionné de sport automobile et plus particulièrement d'Endurance, j'assiste aux 24 Heures du Mans depuis 1980 et suis accrédité depuis 2008. Je me rends régulièrement sur les plus beaux circuits européens et mondiaux. J'ai écrit pour de nombreux médias sport auto et collabore depuis quelques mois avec Endurance24
À propos de l'auteur, David Bristol

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