| 27 août 2024 | par

WEC : Jean-Karl Vernay revient sur l’arrêt du programme Isotta Franschini !

Il y a quelques jours, Isotta Fraschini a annoncé la fin du programme de l’Isotta Fraschini TIPO 6 en Hypercar. Pourtant pilotée par Carl Wattana Bennett, Antonio Serravalle et Jean-Karl Vernay, elle avait bien progressé. Présent à Spa, ce dernier est revenu sur l’aventure Isotta où Duqueine Automotive avait en charge la partie technique.

Nous avons appris la fin du programme Isotta en WEC. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? Quelles en sont les raisons ?

« Tout d’abord, je ne peux pas parler au nom d’Isotta car je ne suis pas employé par eux. C’est triste parce que c’était un programme fantastique de pouvoir se battre contre tous ces constructeurs., c’était une chance énorme. Michelotto avait fait une voiture assez incroyable qui manquait de développement certes, mais avec un énorme potentiel. C’est dommage de s’arrêter à ce moment-là. Nous avons commencé à être très performants et créé cette équipe en quelques mois. Cela n’a pas été facile. Nous avions des pilotes qui avaient beaucoup de potentiel, qui manquaient un peu de maturité, qui n’étaient pas peut-être pas prêts pour le LMH, mais nous avons quand même obtenu de bons résultats. Nous avons terminé les courses, ils ont fait du bon travail. Certains pilotes ont fait des erreurs aux 24 Heures du Mans, eux aucune. Je pense qu’avec une équipe plus expérimentée, nous aurions pu faire encore mieux, mais malheureusement le programme se termine. Ce fut quand même une belle expérience, j’ai eu la chance de faire un développement complet. Il leur manquait de l’argent, ce qui est toujours le nerf de la guerre en sport auto. Sans investisseur, c’était compliqué, surtout l’année prochaine où il faut avoir deux voitures. Et financièrement, pour l’instant, c’était juste une mission impossible. C’est dommage pour tout le monde, mais aussi pour les deux entités. En espérant voir cette voiture en piste, on ne sait jamais. En tout cas, c’est ce que je souhaite… »

MPS Agency

Ce n’est pas la première fois qu’on parle de la voiture et vous avez toujours dit qu’elle avait un certain potentiel…

« Oui, il suffit de regarder les temps au tour de São Paulo. D’habitude, nous étions régulièrement les derniers, les moins rapides, et là, il y avait une dizaine de pilotes un peu moins rapides que moi et pas des moindres. Je pense que cela montre notre progression, le potentiel de l’auto, parce que quand on est dans les meilleurs temps et dans les mêmes moyennes que Peugeot, BMW ou Lamborghini, ça veut dire qu’on a fait un pas en avant après Le Mans. Elle a beaucoup de potentiel parce que j’étais encore loin d’être à la limite. Ce n’est pas une critique, du tout, mais avec des pilotes expérimentés, on pouvait tous se tirer l’un vers l’autre, tous progresser alors que là j’étais le chef de fil, et malheureusement, il en a manqué à un moment donné. Nous n’avons pas fait beaucoup de set-up parce que nous devions donner beaucoup de temps pour rouler à Carl et Antonio car ils ont découvert toutes les pistes, ce n’était pas facile pour eux. Malgré cela, nous avons quand même réussi, à chaque fois, à faire un bon en avant et prouver que nous avions notre place. C’est extrêmement triste pour tous les gens, déjà pour notre équipe, mais aussi pour tous les gens de la technique chez Michelotto qui ont fait une voiture absolument incroyable. Je pense que le plus dur est pour eux. »

Un des plus réussites restent les 24 Heures du Mans. Vous avez bien travaillé avec très peu ou pas de problèmes..

« Oui, c’est fantastique. Cela montre la fiabilité de l’auto, le talent des personnes qui ont construit cette voiture. Je retiendrai d’avoir terminé Le Mans, nous étions assez sûrs de notre fiabilité. Mais vu la difficulté de la course, les conditions, que personne n’a fait d’erreur, c’était quand même un super parcours. Et puis, surtout, comme je l’ai dit, il y a eu le Brésil. Je pense que si je n’avais pas été gêné en qualifs, cela faisait 13,e temps ce qui est assez fantastique sans test, sans simu de qualif, sans rien. Nous avons montré ce que nous avions fait et nos progrés. »

MPS Agency

« J’ai un petit garçon et il a vu ce que son papa a fait. C’est important pour moi ! »

Quel positif pouvez vous tirer de cette expérience Isotta en Hypercar ? Le développement de la voiture ? Le fait que vous soyez dans la catégorie reine de l’endurance ? Faire Le Mans en proto ? 

« Oui un peu tout cela. Après, développer une voiture, j’adore ça. C’est quelque chose que j’ai fait plusieurs fois car j’ai travaillé avec beaucoup de constructeurs. Je voulais aussi piloter une Hypercar, pour montrer que je mets toujours du gaz. La dernière année que j’ai faite en ETCR (eTouring Car World Cup) s’est relativement mal passée. J’avais donc à cœur de rebondir et de me dire que si c’était ma dernière année, j’ai eu un petit garçon, il aura vu ce que son papa a fait. Pour moi, c’était important, c’est aussi pour ça que je me suis battu, que je me suis beaucoup investi dans ce projet. Ça ne devait pas se terminer comme ça, ce n’est pas du tout ce que nous avions prévu. Mais nous n’avons pas les tenants et les aboutissants dans tout. Nous ne sommes qu’un partenaire et c’est frustrant. »

MPS Agency

Vous étiez déjà concentrés sur votre rôle chez Duqueine Automotive (en charge la compétition-client pour le compte du constructeur LMP3) et cela va être encore plus le cas maintenant…

« Je l’ai toujours fait, comme toujours, de manière très acidue. Sur le LMP3, pour nous, c’est un moment très important. On a montré la voiture, on a fait une superbe auto. Ensuite, il faut convaincre les gens de nous rejoindre, prouver qu’on a fait un grand pas en avant. On a beaucoup de nouvelles pièces qui vont arriver car la voiture est encore assez obsolète, techniquement parlant. Nous allons clairement faire un pas en avant assez important en termes de performance. Si nous partons du fait que nous sommes déjà mieux que les autres, au général, et que nous arrivons avec des évos très importantes, j’espère que ce sera suffisant. Il faudra attendre les chronos de Barcelone l’année prochaine pour montrer que notre voiture est la meilleure. Mais en tout cas, c’est l’objectif, mon rôle de faire ça, de reprendre des parts de marché. Ce que nous voulons, c’est gagner. A un moment donné, si vous voulez vaincre, si vous avez 3 voitures contre 15, vous avez toujours un pourcentage qui est inférieur pour le faire. Donc, revenir à quelque chose d’un peu plus équilibré serait une bonne chose. Mais ça passe par démontrer notre performance, le potentiel de la voiture. Comme Norma l’avait fait pendant des années, où tout le monde était passé chez Norma parce qu’ils mettaient une seconde à tout le monde. Là, l’objectif est de faire la même chose »

Duqueine Automotive

Passionné de sport automobile et plus particulièrement d'Endurance, j'assiste aux 24 Heures du Mans depuis 1980 et suis accrédité depuis 2008. Je me rends régulièrement sur les plus beaux circuits européens et mondiaux. J'ai écrit pour de nombreux médias sport auto et collabore depuis quelques mois avec Endurance24
À propos de l'auteur, David Bristol

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