Vincent Vosse (BMW) : « On s’est mis énormément de pression […] Ça a l’air de porter ses fruits »

Après un début de saison compliqué, les deux BMW M Hybrid V8 ont connu une embellie au niveau des résultats lors des deux dernières manches FIA WEC. Avant la finale de Bahreïn, Vincent Vosse, le team principal de BMW M Team WRT, a répondu aux questions d’Endurance24 sur la saison écoulée et sur les perspectives 2025.

Quel bilan tirez-vous de votre saison Hypercar ?

« Le début de saison a été un petit peu décevant. On s’attendait secrètement à quelque chose de mieux, même si on s’était bien rendu compte que notre préparation n’avait pas été comme on l’aurait voulu pour différentes raisons. On a aussi vite compris qu’entre le WEC et l’IMSA, il y avait quand même de grosses différences : pas de LMH, moins de voitures, des circuits différents, etc…. Petit à petit, on a commencé à faire des progrès avant le Mans, ce qui nous a donné de petites étincelles en Sarthe.

Cependant, Le Mans fut le gros point noir en Hypercar. Cela s’est particulièrement mal passé, mais je ne pense pas qu’on peut mettre ça sur le dos de la préparation. On n’était pas assez loin dans notre développement, certainement. Ensuite, on a eu une course très difficile au Brésil où on a fait un pas en arrière. On est certainement parti dans une mauvaise direction. A partir d’Austin, on a fait de beaux progrès, on était les seuls à pouvoir suivre le rythme de Ferrari. On n’a pas terminé comme on l’aurait voulu, mais la performance était là. Fuji, malheureusement, on a perdu une voiture plus ou moins au contact du premier virage (n°20). Pour la n°15, cela n’a pas été une course aussi limpide que ça en avait l’air de l’extérieur, mais la performance était au rendez-vous et on accroche une deuxième place.

© Nico Deumille

Donc pour conclure : là où on en est, c’est tout à fait raisonnable. On a progressé, travaillé très dur pour en être là aujourd’hui, que ce soit l’équipe et BMW. On s’est mis énormément de pression, mis un travail de dingue sur les épaules. Ça a l’air de porter ses fruits. En tout cas, on est dans la bonne direction et c’est de la préparation pour les deux années qui viennent. »

« Un manque de compétitivité en GT3 tout au long de la saison qu’on ne s’explique pas ! »

Quel est votre regard sur le LMGT3 pour Team WRT ? 

« Ce fut clairement, beaucoup plus laborieux parce qu’on connaît particulièrement bien la M4 GT3 qu’on fait rouler un peu partout dans le monde. On a clairement eu un manque de compétitivité tout au long de la saison qu’on ne s’explique pas. Il y a eu de beaux moments cependant comme ce doublé à Imola dû à un coup stratégique et à la qualité de nos pilotes sous la pluie en slick. Après, on a fait de bonnes choses au Mans, on était quand même plus ou moins dans les trois, quatre premiers. On a eu une sortie de route pour la n°46 qui n’est pas à mettre sur nos pilotes parce que je pense qu’on les a fait rouler dans des conditions extrêmes, en slicks, sous la pluie, à cause, justement, de ce manque de performance qui nous oblige à aller à l’extrême en termes de stratégie. On finit quand même deuxième en GT avec la n°31 qui nous a permis de prendre pas mal de points et grâce à cela, on se bat toujours aujourd’hui pour la deuxième place du championnat. On a fait d’autres belles courses en GT, la troisième place de Fuji, mais il y en a eu d’autres plus décevantes, on n’a pas été assez souvent aux avant-postes alors que nous avons deux très bons équipages. »

© Nico Deumille

Sur Bahreïn, est-ce qu’il y a encore des choses à aller chercher ?

« Oui et dans les deux catégories. D’abord en Hypercar, il y a le fait de terminer sur une bonne note. On essaye d’encore peaufiner les détails et d’améliorer encore. Fuji n’a pas été une course parfaite pour la n°15, il y a eu des petites choses que l’on pourrait supprimer ici et cela nous permettrait  de faire quelque chose de plus clean, pourquoi pas ? Bahreïn est un circuit exceptionnel pour nous parce qu’on a participé à quatre courses WEC et on les a toutes gagnées. On sait que ça ne va pas le faire comme ça (sourire). On voit qu’en GT3, on va devoir trouver d’autres solutions que la performance ! »

« Je pense qu’il y a beaucoup de constructeurs qui envient nos équipages ! »

2025, ce sera le même programme avec les mêmes équipages ? 

« On a l’expérience d’une année maintenant en WEC dans la catégorie Hypercar. On est impliqués avec BMW pour faire les meilleurs choix pour la saison 2025. On sait que les équipages que nous avons n’ont pas posé de problème cette saison, loin de là. Je pense même qu’il y a beaucoup de constructeurs qui envient nos équipages. Alors, faire une modification de nos trios n’est pas une priorité. Maintenant, c’est sûr que BMW doit regarder à la meilleure solution possible pour les deux championnats. »

Est-ce qu’il y a des tests prévus dans les semaines à venir ?

« Il y aura des tests. On va terminer la saison ici autour du 15 novembre, je ne sais pas exactement le nombre de tests avant Daytona, mais ce n’est pas énorme. Après, ils vont être éparpillés différemment car l’an dernier où on avait eu beaucoup de tests avant le début de saison. Là, la situation est différente puisque on a une année d’expérience. »

Comment allez-vous faire pour vous rapprocher encore plus des voitures qui sont devant ? Est-ce qu’il y aura des jokers utilisés ? 

« Non, pas de jokers, mais on voit des petits détails à améliorer. On les voit, il faut juste pouvoir y toucher, on va tout essayer. Aujourd’hui, on voit que Porsche est la voiture à battre, pour preuve, elle est en tête du championnat. J’espère pour eux qu’ils vont le gagner. La 963 est la voiture référence. Notre objectif l’année prochaine sera d’être la meilleure LMDh. On veut se battre avec les meilleurs, être au niveau de la Cadillac. Et puis, quand on y sera, il faudra monter au niveau de la Porsche… »

Valentino Rossi restera-t-il en GT3 au sein de Team WRT ? 

« Il n’y a rien à décider. On n’est pas loin de prendre une décision, mais il n’y a rien d’acter aujourd’hui. Ce serait dommage que Valentino ne soit pas en WEC l’année prochaine. C’est un championnat qui lui convient bien, je pense. C’est sûr que pour lui, 2024 a été décevante. De toujours se battre avec des compromis, ce n’était pas très excitant pour lui. »

Deux pilotes vont être testés en Rookie Test dimanche. L’un d’eux pourrait-il rouler en Hypercar prochainement ? 

« Je pense que Dan (Harper) et Max (Hesse) sont des pilotes qui ont eu une progression incroyable. Ce sont de vrais produits BMW et ils méritent de faire ce  test. Ce que ça donnera à l’avenir, je n’en sais rien. En tout cas, s’ils roulent en Hypercar l’année prochaine, je ne suis pas au courant. Par contre, c’est peut-être un premier pas vers un développement, mais en tout cas, je le répété, ils le méritent. Valentino (Rossi), on le sait, rouler en Hypercar a toujours été quelque chose de souhaité et annoncé il y a un peu moins d’un an. Ce qui l’intéresse, c’est d’être compétitif. Au niveau GT3, on testera des jeunes aussi, on verra. »

Grégroy de Sybourg et Gilles Stadsbader sont annoncés sur la M4 GT3 n°31 dimanche lors du Rookie Test.