Pur produit de la filière Alpine en monoplace, Victor Martins a eu l’opportunité de découvrir l’Hypercar A424 lors du Rookie Test de Bahreïn. Le pilote de Formule 2 a partagé la n°36 avec Jules Gounon ce dimanche, complétant une cinquantaine de tours.
Victor, comment s’est déroulée cette journée sur le circuit de Sakhir ?
« Super. La première chose, quand je fais ce genre de test, et si je fais le parallèle avec les essais privés en F1 avec Alpine, c’est de ne rien casser. Je ne suis pas là pour rajouter du travail à l’équipe, mais pour donner un bon feedback, acquérir de l’expérience, et montrer mon potentiel dans un environnement différent. J’ai pris beaucoup de plaisir et, à un moment, je me suis peut-être un peu trop relâché, ce qui m’a valu deux petites erreurs. Mais j’ai eu une bonne communication avec l’équipe. On a dû travailler dans un laps de temps assez court. Je suis arrivé tard, donc la préparation était réduite, mais je pense qu’on a maximisé ce qu’on pouvait faire. »
En termes d’environnement, qu’est-ce qui diffère par rapport à ce que vous connaissez avec Alpine en F2 ?
« Le nombre de personnes, déjà. Ici, on est 62. En F2, je n’ai que 12 personnes sur un week-end de course. Avec Alpine en F1, il y avait aussi beaucoup de monde, mais là, c’est impressionnant de voir autant de personnes dans le garage en même temps. La clé, c’est d’avoir une bonne communication avec chacun, savoir à qui s’adresser pour chaque sujet. En tant que membre de l’Alpine Academy, ils me connaissent déjà, ce qui rend les choses plus faciles. Et bien sûr, la voiture change. C’est la première fois que je roule avec un toit au-dessus de moi. Quant à la puissance, la différence n’est pas énorme, même si en virage, l’Hypercar est plus lourde, mais ça se gère. »
Le cockpit fermé change-t-il vos sensations de pilotage ?
« Le toit, ça va. Ce qui est plus perturbant, c’est la carrosserie qui masque mes roues. C’est la première fois que je ne peux pas voir si je fais un micro-blocage ou un gros flat spot (plat sur les pneus). J’ai vu de la fumée, mais c’était un peu tard ! Heureusement, il y a d’autres systèmes pour détecter le blocage des roues. C’est donc une adaptation, car je dois me fier à d’autres repères. Au début, on n’a pas forcément envie de faire confiance aux indicateurs, mais avec l’expérience, on comprend que c’est un bon outil. »
Vous avez rencontré du trafic pour la première fois avec des LMGT3 en piste. Comment vous êtes-vous adapté ?
« J’avais en tête la performance d’une F2, donc je pensais qu’une GT serait beaucoup moins performante dans les virages et en ligne droite. Mais parfois, elles vont à la même vitesse en virage ! L’Hypercar étant plus lourde, il faut s’adapter. Quand on les voit au loin, il ne faut pas prendre de risques si on n’est pas bien positionné. Pour les tours de qualifications, il faut trouver le bon timing pour éviter d’être gêné. Ces différences ajoutent de la complexité, mais l’adaptation fait partie du métier. Comme en F2, si les pneus ne sont pas prêts, on peut faire un tour de plus, ce n’est pas un problème. »
Avec une cinquantaine de tours dimanche, qu’avez-vous pu tester ?
« Oui, je pense qu’on a réussi à suivre un bon programme en peu de temps. J’aurais aimé passer plus de temps dans la voiture pour faire plus de runs de qualification et de longs runs, aller vraiment à la limite des pneus et explorer le feeling. J’ai pu tester des pneus neufs, des usés, des hard, des mediums, et faire un peu ce qu’ils font en FP pour préparer la course. Avec plus de temps, il y a encore beaucoup à découvrir dans cette voiture. »
Qu’avez-vous pu échanger avec les pilotes du programme Hypercar ?
« Ils connaissent la F2 et m’ont dit : “Tu vas voir, ce n’est pas pareil.” Par exemple, Matthieu a roulé en monoplace (la 3.5), il sait donc le gap que ça représente. Charles, que je connais du karting, et Jules, qui roulait avec moi, m’ont donné des conseils, notamment sur la gestion de certains systèmes de la voiture. Mais pour le ressenti, ils voulaient d’abord que je roule. Ils étaient intéressés par mon retour pour le développement de la voiture. Si je peux contribuer à ce niveau, tant mieux ! »
Quand on rêve de F1, aller en endurance peut paraître contre nature. Est-ce devenu une option pour vous ?
« C’est à considérer. On en discute, mais ce n’est pas ma priorité. Si c’était hors de question, je ne serais pas venu tester. Ce test permet de savoir à quoi m’attendre si la question venait à se poser. L’équipe a vu mon style de pilotage et ce que je peux apporter. Pour l’instant, ce n’est pas d’actualité. Mon objectif, c’est toujours la F1, et j’estime que c’est encore possible. Je donne tout pour y arriver. »