Sébastien Bourdais était à Bahreïn en tant que troisième pilote Cadillac Racing pour la finale du WEC. Le tout récent vainqueur de Petit Le Mans est revenu sur cette ultime course de l’année et sur sa dernière saison avec Chip Ganassi Racing en IMSA…
Commençons par Petit Le Mans, une course que vous avez pu inscrire à votre palmarès au général car vous l’aviez déjà en catégorie…
« Tout à fait. On avait gagné en 2015 sous la pluie en catégorie DP, mais pas au général, c’était la Porsche North America GT qui avait gagné avec ses pneus confidentiels GT. C’est donc ma première victoire au général à Petit Le Mans et, surtout, c’est sympa de finir sur une belle note. C’est une course qu’on aurait dû gagner l’année dernière en dominant pendant 9h30 et qu’on perd dans la dernière demi-heure. Là, on l’a perdu pendant 9h30 et on l’a gagné dans la dernière demi-heure. Une belle petite touche du destin ! »
Au niveau de votre saison, était ce dernière année compliquée avec seulement deux victoires au compteur ?
« Cette année, franchement, on aurait vraiment pu gagner le championnat. On avait une super structure en place, une équipe enfin bien soudée, complète pour faire le boulot et ça a été performant tout le temps. Un championnat, ça se joue des fois à pas grand-chose. C’est vrai qu’on a couru un peu derrière toute l’année après notre problème mécanique aux 24 Heures de Daytona qui nous met très loin d’entrée de jeu. Cependant, notre constance et nos bons résultats ont fait que l’on a été dans le coup jusqu’aux deux dernières courses. Malheureusement, à Road America, on a eu une crevaison et un pneu délaminé à deux tours de la fin. Ce fut une belle année, malheureusement, sans le titre au bout. Après, Porsche a fait une grosse, grosse année avec la n°7, ils n’ont juste jamais le moindre problème jusqu’à Indianapolis. La course où ils ont un problème, nous, on éclate un pneu dans le tour de sortie de l’avant-dernier ravitaillement. Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas ! C’est toujours difficile à avaler, mais c’est comme ça !»
Une page se tourne avec Chip Ganassi Racing. Un petit pincement au cœur certainement. Qu’est-ce que vous retenez de vos années avec eux ?
« C’est la fin du programme Cadillac avec Chip Ganassi Racing, un projet où il y a eu tellement de performance mais aussi tellement de pépins qui font qu’on a raté des super coups. Cela a été une belle collaboration. On se connaît depuis 2016, même avant, je dirais, puisqu’on a roulé les uns contre les autres en IndyCar pendant de nombreuses années. C’était vraiment devenu un peu une seconde famille. Ça fait toujours un petit pincement au cœur d’être sur des fins de cycle comme ça où tu tournes une page et où il faut écrire un nouveau chapitre. On va voir de quoi sera fait le futur, mais c’est sûr que c’est toujours un petit peu difficile de dire au revoir. »
Parlons du WEC. Depuis combien de temps saviez vous que vous alliez faire la finale WEC avec la n°2 ?
« À la base, c’était censé être Renger (van der Zande) mais comme son deal avec Acura a été annoncé entre temps (juste après Petit Le Mans, nldr). Il n’y avait donc pas vraiment de sens de le faire rouler ici ! »
C’était un circuit que vous connaissez bien ?
« Pas énormément, mais j’ai roulé ici deux fois en F1, suis venu avec Peugeot et avec la LMP2 en 2022 (Vector Sport), donc je ne connais pas trop mal le circuit. Après, chaque auto est tellement spécifique, surtout sur une piste vraiment atypique. Le tracé est ce qu’il est, mais la façon dont les pneus se comportent est quand même vraiment assez choquante. Il y a un gros pic de performance au début en pneus frais et puis ça tombe vraiment très, très, très, très rapidement et de façon assez impressionnante par moments. L’accent a donc été mis pour essayer d’avoir quelque chose de constant qui permet d’avoir un rythme correct et de rester dans la bagarre pendant toute la course. »
La dégradation des pneus était donc la clé de la course ?
« C’est là où Toy avait fait la différence l’année dernière. Sur les pistes où la dégradation est importante, on voit que c’est eux les meilleurs. Ca reste la référence et nous, on a essayé de se hisser au niveau. Mais une fois encore, Toyota a montré son savoir faire dans ce domaine avec leur victoire. »
Quels étaient les objectifs de votre course à Bahreïn ?
« Comme j’avais roulé avec eux au Qatar, j’avais déjà un peu d’expérience. Là, c’était juste essayer de les aider du mieux possible pour optimiser la dernière en WEC et voir ce qu’on pouvait faire. Au niveau perfo, ils étaient vraiment dans le coup depuis maintenant plusieurs courses. On espérait pouvoir enfin faire un week-end complet avec un bon résultat au bout. »
Comment s’est passée votre course ?
« Compte tenu des circonstances, nous avons lutté toute la semaine avec l’adhérence à l’arrière et nous n’étions pas très confiants avant la course. Partir en P13 était certainement un défi car il est difficile de doubler ici. Earl (Bamber) a fait un sacré boulot, surtout à la fin avec les pneus medium, et nous a ramenés à une très respectable P6 (après le déclassement de la Ferrari, ndlr) après une semaine difficile. Je ne suis pas très content de moi. J’ai fait une erreur lors d’un Full Course Yellow sur tout le circuit et j’ai reçu une pénalité (drive through). Dans l’ensemble, je suis assez satisfait du résultat par rapport à notre point de départ. »
De quoi sera fait 2025 ?
« Je sais ce que je fais. Après, je ne peux pas en dire plus ! »
Des rumeurs insistantes depuis plusieurs semaines enverraient Sébastien Bourdais au sein du nouveau Cadillac Team Jota Racing en compagnie de Will Stevens, Norman Nato et les deux autres officiels Cadillac : Earl Bamber et Alex Lynn. On attendait désormais la confirmation des six hommes qui interviendra le 14 novembre.