Pour sa deuxième saison en Championnat du Monde d’Endurance FIA (WEC), Sébastien Baud a marqué les esprits dès la première manche. Aligné sur la McLaren 720S LMGT3 Evo n°59 de United Autosports, le Haut-Savoyard a décroché une superbe deuxième place aux 1812 kilomètres du Qatar.
Après une saison 2024 disputée avec TF Sport, Sébastien Baud a rejoint cet hiver United Autosports, où il partage désormais le volant avec Grégoire Saucy et James Cottingham. Son premier contact avec l’écurie britannique remonte à la finale 2024 à Bahreïn, et les bonnes sensations ressenties à l’époque se sont confirmées tout au long de la préparation hivernale.
« Ce qui est chouette, c’est que j’intègre une équipe stable. Seul le pilote Silver change, en l’occurence moi, mais tout le reste, du staff technique aux pilotes, est resté en place », souligne-t-il.
Une préparation plus sereine
Contrairement à l’an dernier, où il découvrait le championnat et une toute nouvelle structure, Sébastien Baud a abordé cette saison avec une préparation plus ciblée. « L’année dernière, j’arrivais dans un monde inconnu, seul. Là, j’ai pu adapter mon entraînement en sachant ce qui m’attendait. Je connais la discipline, mes coéquipiers, et je me sens plus serein. »
Cette sérénité s’est traduite dans son travail hivernal, notamment sur le plan physique. « J’ai repris mon entraînement avec Xavier Feuillée (321 Perfom), qui a lui aussi une expérience du WEC avec Alpine en Hypercar. On a pu affiner notre préparation pour arriver en pleine possession de nos moyens. »

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De la Corvette à la McLaren : une adaptation plus complexe que prévu
Passer de la Corvette Z06 LMGT3.R à la McLaren 720S LMGT3 Evo s’annonçait comme un défi, mais Sébastien Baud a été surpris par l’ampleur des différences. « On était sur une voiture complètement différente avec la Corvette, un peu plus lourde, avec des vraies différences de pilotage qui ne sont pas du tout les mêmes que la McLaren. Avec la Corvette, il faut rester assez calme pour qu’elle aille vite. Avec la McLaren, il faut être plus agressif, incisif. »
Le jeune Français a dû ajuster rapidement son style de conduite. « Je pensais vraiment avoir une voiture très similaire, avec le moteur arrière, l’avant assez court, et un positionnement d’aéro proche. Mais finalement, pas du tout. À ma grande surprise, j’ai dû adapter immédiatement mon pilotage pour me sentir bien dans cette voiture. »
Les essais hivernaux lui ont permis de prendre ses marques, bien que le temps de roulage ait été limité avant d’arriver au Prologue. « J’ai pu faire seulement deux petites matinées et deux après-midis. C’est peu, mais il faut partager la voiture. J’ai beaucoup travaillé chez moi : vidéos, documentation, échanges avec Grégoire et les ingénieurs. »

Sébastien Baud et Grégoire Saucy © MPS Agency
Un premier week-end intense au Qatar
Cette préparation studieuse a rapidement porté ses fruits. Lors des qualifications, et conformément au nouveau règlement, c’est Sébastien Baud, pilote Silver, qui a pris le volant pour l’Hyperpole. Il a signé un superbe deuxième temps, à seulement deux dixièmes de Sean Gelael et de la voiture sœur n°95. « Ça faisait des années que je n’avais pas pris le volant en qualifications, donc ça fait du bien de se retrouver dans une voiture à 100 %. »
En course, tout se déroulait parfaitement après un double relais solide de James Cottingham dans le top 3… jusqu’à un problème technique. « Notre stratégie était bien exécutée. Quand j’ai pris le volant, je suis remonté en tête de la catégorie LMGT3 et je me sentais en confiance. Puis un problème de boîte de vitesses nous a fait perdre une dizaine de places. »
Quatre relais et plus de 100 tours plus tard, Sébastien Baud réalisait une remontée spectaculaire aux portes du podium avant de laisser Grégoire Saucy terminer la course. « J’ai tout donné sans prendre trop de risques, avec une grosse confiance dans la voiture. Grégoire a ensuite réalisé des relais incroyables et s’est battu jusqu’à la dernière minute pour la victoire. »

Un duel épique entre la Corvette n°33 et la McLaren n°59 © FIA WEC / DPPI
Un premier podium et de grandes ambitions
Après 10 heures de course, la McLaren n°59 a franchi la ligne d’arrivée en deuxième position, à seulement 0,493 seconde de la Corvette n°33 victorieuse. Un scénario presque ironique pour Sébastien Baud, qui se battait contre son ancienne voiture et son ex-coéquipier Daniel Juncadella. « J’étais souvent dans ses basques, à tout essayer pour le dépasser. On s’y est mis à plusieurs reprises, mais on connaît l’expérience de ce pilote qui a défendu d’une main de fer. »
Ce premier podium confirme la compétitivité de la McLaren et les progrès réalisés durant l’hiver, ainsi que le potentiel du trio Baud-Saucy-Cottingham. « Deuxième place en qualif’, deuxième place en course. C’est juste formidable. On revient de loin, mais on peut être très fiers de nous avec cette course. L’équipe a fait un énorme travail. Il y a encore du boulot, mais on va déjà apprécier ces beaux moments. Maintenant, il faut aller de l’avant, continuer à travailler comme on le fait et en profiter. L’objectif est clair : continuer à progresser et aller chercher des victoires. »
L’équipage de la McLaren n°59 arrivera donc à Imola (20 avril), pour la deuxième manche du WEC, en deuxième position au championnat.

Podium LMGT3 1812 km du Qatar © MPS Agency