| 13 mai 2023 | par

Sam Hignett : « Nous sommes la première équipe cliente, il n’y a pas de manuel avec cette 963 ! »

© MPS Agency

L’une des attractions des 6 Heures de Spa était la présence de la première Porsche 963 privée en Hypercar. Cette dernière était alignée par Hertz Team Jota et pilotée par António Félix da Costa, Will Stevens et Yifei Ye. Avec une 6e place en fin de course, les premiers tours de roues ont été plus que concluants pour la voiture portant désormais les couleurs de la bannière britannique. Endurance24 est allé à la rencontre de Sam Hignett, le propriétaire de Jota, pour en savoir plus sur cette auto que l’équipe a dû apprivoiser en un rien de temps.

L’une des annonces phares de la fin de saison 2022 a été le passage de Jota, du LMP2 à la catégorie Hypercar. Pour la première fois de son histoire, l’écurie britannique va être en mesure de se battre pour la victoire au général en WEC et aux 24 Heures du Mans. « Nous avons été les premiers à nous engager en LMP2, l’une des premières équipes à avoir l’Oreca 05, » nous rappelle Sam Hignett. « Ce business model a bien fonctionné pour nous depuis cinq ou six ans. J’aime à penser que nous avons toujours été l’une des équipes à battre. Nous avons toujours été en lutte avec United ou WRT et toujours été, je l’espère, les plus constants. Notre théorie est donc : nous avons commencé tôt le LMP2, cela a bien fonctionné alors nous faisons pareil avec l’Hypercar. Nous verrons, avec un peu de chance, si cela fonctionnera bien pour nous. »

Mais le processus d’intégration en Hypercar a été long et compliqué. Il a d’abord fallu se mettre d’accord avec le constructeur allemand, ce qui finalement ne semble pas avoir été l’étape la plus difficile. « Nous avons entamé des discussions avec Porsche à Bahreïn en 2021. Ils ont été très gentils avec nous et nous ont donné une option sur la voiture de plusieurs mois. Nous avons trouvé des partenaires commerciaux et des deals ont été montés par mon associé, David Clark. Tout cela s’est très bien passé. »

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L’accord scellé, il a fallu attendre la livraison de la voiture et là, hic. Porsche a pris du retard dans la construction de ses 963 à tel point que Jota a dû aligner une 2e Oreca 07 en LMP2 en attendant sa LMDh. « Nous avons fait rouler notre LMP2, avec succès je dirais, pour tenir l’engagement et satisfaire nos sponsors. Personne n’aime les retards, mais avec le recul, ce fut probablement une bonne chose. Cela nous a donné plus de temps pour tout régler et tout faire fonctionner. Il y a tellement de nouveaux équipements avec cette voiture que nous devons acheter, fabriquer ou trouver. »

Avant Portimão, la 963 n°38 étant fin prête, il a fallu aller la récupérer en Allemagne et s’imprégner de la philosophie de l’Hypercar. « Mercredi (10 jours avant Spa), nous avons effectué le shakedown à Weissach. Tout s’est très bien passé, même si cela s’est déroulé sur piste humide. Ils font un tour d’installation, puis deux sessions de 20 tours soit 41 boucles. Nous y sommes restés jusqu’au vendredi, mais comme on ne pouvait pas travailler le week-end à Weissach, nous sommes donc allés à Lossburg, près de la frontière, pour plusieurs jours. Nous n’avons pas bossé sur la voiture, mais sur la livrée, le matériel, les batteries, etc…, toutes ces questions que nous devions résoudre avant d’arriver à Spa. Nous sommes la première équipe cliente, il n’y a pas encore de manuel donné avec cette 963. De toute évidence, Penske a fait du super travail, mais n’a jamais dressé de liste de ce qu’il faut effectuer pour la faire rouler. Nous avons donc fait tout cela et quand nous sommes arrivés à Spa, la voiture était préparée, prête à partir, juste quelques mises à jour logicielles, c’est tout. »

La première course a depuis eu lieu, les 6 Heures de Spa, où Hertz Team Jota a signé la 6e place au classement général. Une bonne première comme le confirme le patron. « Ca s’est passé aussi bien que possible. La voiture est d’un niveau de complexité supérieur à la LMP2, mais nous avons adopté une approche très régulière. Nous apprenons, nous sommes bien soutenus par Porsche et Multimatic, et tout le monde est en phase d’apprentissage. Je pense que nous avons signé un bon début. Venir à Spa était la bonne chose à faire. Par exemple, si nous avions fait six jours d’essais puis pris la direction du Mans, les gars n’auraient jamais fait de contrôle. Maintenant, ils l’ont fait et ont découvert pas mal de processus. Nous savons comment faire passer la voiture au contrôle technique, comment la faire démarrer le matin, comment fonctionne la voie des stands, on s’est entraîné aux arrêts au stand, aux changements de pilotes, tous ces éléments, nous en avons une meilleure idée. Parallèlement, nous avons essayé d’améliorer la fiabilité sans penser à la performance. Si nous avons fait 50 erreurs à Spa, au Mans, nous en n’en ferons plus que 10 et cela rendra la course plus facile. »

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D’ici Le Mans, pas mal de choses auront été apprises et réalisée. Sam Hignett en dit plus sur le programme d’ici la Journée Test. « Avant Le Mans, nous allons procéder à d’autres essais, évidemment en Europe et dans un endroit approprié pour Le Mans. Puis il sera temps de se préparer, de travailler pour Le Mans. Il y a une longue liste de choses que nous aimerions faire. Cela dépendra de la disponibilité des pièces détachées et de ce que nous pourrons faire à partir de là. » Jota sera certainement aidée dans ces tâches par Porsche et Penske. « Pour le moment, c’est très séparé. D’après ce que j’ai compris, toutes les informations sont transmises à Porsche et ne sont pas partagées, mais seront examinées. Pour l’instant, nous n’avons pas trop d’interactions avec Penske, mais j’espère que nous en aurons et que nous pourrons commencer à travailler ensemble. »

Avec une voiture arrivée très tard et une seule course à son actif, on peut légitimement se demander quelles seront les ambitions du team : juste découvrir, apprendre ou gagner. « Nous avons de grandes ambitions pour le Mans avec un objectif de performance tout en faisant un travail respectueux. On va essayer d’’être là et, à la fin, on verra ce qui se passe,» conclut Sam Hignett.

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Passionné de sport automobile et plus particulièrement d'Endurance, j'assiste aux 24 Heures du Mans depuis 1980 et suis accrédité depuis 2008. Je me rends régulièrement sur les plus beaux circuits européens et mondiaux. J'ai écrit pour de nombreux médias sport auto et collabore depuis quelques mois avec Endurance24
À propos de l'auteur, David Bristol

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