Maxime Martin est le capitaine de route de la BMW M4 GT3 n°46 qu’il partage avec Ahmad Al Harthy et Valentino Rossi. Le Belge va disputer sa 9e participation aux 24 Heures du Mans et pour la première fois ce sera en LMGT3, la nouvelle catégorie du WEC et du Mans.
On n’est pas encore à samedi, mais on imagine que vous avez regardé la météo qui était annoncée. Vous avez d’ailleurs réussi à Imola grâce à un coup de maître stratégique en restant en pneus slicks…
« C’est toujours 50/50 dans ces conditions là. Ça marche ou ça ne marche pas, on verra bien. Bien sûr, ça peut toujours jouer en notre faveur, les conditions seront difficiles et dans ce cas, ça peut toujours avoir un bon impact ou un mauvais. Il faut avoir un peu de chance aussi, être au bon endroit au bon moment, être au bon endroit quand il commence à pleuvoir pour pouvoir rentrer. C’est un peu une loterie, quelque chose qu’on ne peut malheureusement pas prédire. Mais je pense qu’on a une très bonne équipe, de très bons ingénieurs, nos pit-stop sont de qualité.

© Nico Deumille
La difficulté, c’est qu’aux essais, vous n’allez pas du tout avoir les mêmes conditions météo que ce week-end, a priori, donc difficile de préparer les réglages…
« Dans des conditions mixtes, de toute façon, on ne prépare jamais une voiture avec des réglages spécifiques. On fait une voiture pour des conditions normales. Et puis on s’adapte en fonction de la météo. Si maintenant, ils annonçaient que de la pluie pendant toutes les 24 heures, ce serait autre chose, mais je pense que ce n’est pas le cas. Il va y avoir des averses, ce sera du séchant, il y aura un peu de tout. »
La M4 GT3 ne découvre pas le Mans, mais elle a roulé en Le Mans Cup avec d’autres pneus, une autre BOP. À quel point pouvez-vous vous baser sur les données récoltées ?
« C’est quand même une nouveauté parce que c’est sûr que c’est la même voiture, mais avec des BOP totalement différentes, des pneus totalement différents donc difficile d’avoir un vrai feedback puisque même les hauteurs de voiture et tout ça au niveau BOP étaient différentes. Donc pour être honnête, on découvre. Alors on a des points de comparaison sur des vidéos, sur des data, mais au final, ça n’aide pas beaucoup. »
A Spa, vous avez vécu des évènements indépendants de votre volonté à deux reprises. Comment voyez vous cette cohabitation avec les Hypercars ?
« Ce qui doit être remis en question, c’est le fait qu’on partage la piste avec des Hypercars et des LMP2 (au Mans), c’est sûr qu’il y a là-dessus une remise en question à se faire de savoir est-ce que les Hypercars ne prennent potentiellement pas trop de risques ? Ils sont beaucoup, plus de 20, mais nous également. Depuis le début, il y a beaucoup de contacts entre GT et Proto. Il y a des pénalités qui ont été mises en place, mais je pense qu’il y a un vrai, entre guillemets, souci d’agressivité entre les Hypercars et les GT. Nous, on a notre course. Je comprends qu’ils prennent des risques parce qu’ils doivent se battre. Mais d’un autre côté, il y a beaucoup d’endroits où on ne peut pas se ranger. On a une voiture imposante donc c’est pour moi plus la remise en question à faire au niveau du championnat. »

© FIA WEC / DPPI
Beaucoup de pilotes viennent du GT, ça augmente aussi le niveau d’agressivité. Est-ce une analyse que vous partagez ?
« C’est sûr qu’il y a eu beaucoup de transferts et beaucoup de pilotes GT des constructeurs sont passés en Hypercar. La façon de se battre, potentiellement en GT, peut être un peu différente de l’Hypercar. Après, ce sont tous des pilotes qui ont beaucoup d’expérience. Je ne suis pas sûr qu’il y ait un lien direct avec l’agressivité. Je pense qu’elle vient parce qu’aujourd’hui, ils sont beaucoup plus de protos à se battre. Avant, ils étaient 5 ou 6, là ils sont plus de 20. Globalement, on ne roule pas de la même manière. C’est là où il faut réussir à mettre une certaine limite. Et potentiellement, cette limite viendra avec des pénalités parce que ça ruine des courses, que ce n’est pas ce qu’on a envie de voir et qu’au final, on a besoin que tout le monde fasse la course, mais il faut quand même respecter les différentes catégories. »
Au niveau des pneus froids, est ce que cela va être compliqué ?
« Je dois dire que pour nous, Goodyear, a fait vraiment fait un très bon travail. On sort des box en pneus froids, c’est un peu tendu, mais rien à voir avec les Hypercars. On le voit d’ailleurs, que ce soit à Spa, à Imola, au Qatar, on est beaucoup plus vite qu’eux en sortie des box. Donc nous, honnêtement, je ne pense pas que ça va être un souci au Mans ce week-end. »
Comment avez-vous vu l’évolution de vos deux coéquipiers dimanche dernier ?
« J’ai le plus d’expérience en course et au Mans. C’est sûr que j’essaie de leur donner un peu mon feedback par rapport à cette course qui est différente, un peu spéciale par rapport à toutes les autres. Ahmad a roulé l’année dernière avec l’Aston Vantage GTE, il était sur le podium, donc il connaît bien. Il a un peu plus la notion du trafic parce qu’il a quand même roulé pas mal en WEC et au Mans. Valentino, c’est un peu plus nouveau depuis le début d’année. Je pense que le Mans reste quand même plus facile au niveau trafic qu’Imola ou Spa. Je pense que ce n’est pas un gros souci. Il a eu la chance de rouler l’année dernière en Road to Le Mans, il connaît déjà le circuit. Et, honnêtement, il a une bonne évolution. On voit qu’Ahmad est vraiment à l’aise, le circuit lui plaît, il est en confiance, Valentino aussi. Pour l’instant, ça s’est bien passé. On a encore bossé sur différents trucs pour être potentiellement un peu mieux et gérer le trafic d’une meilleure manière. On a analysé, on regarde et c’est sûr qu’on va bosser pendant les essais pour que tout le monde soit à 100%… »