Le troisième temps en Hyperpole de l’Alpine A480, à 4 dixièmes de la Toyota en pole, nous laissait entrevoir une 90e édition des 24 Heures du Mans disputée en Hypercar. Les ajustements de la Balance de Performance à la veille de la course, nous ont coupés dans notre enthousiasme.
« Nous avions de belles choses à faire valoir, » nous confie Philippe Sinault, team principal d’Alpine, à l’arrivée de la classique mancelle. « La course ne s’est passée du tout comme on l’avait imaginée. On n’a jamais connu une course aussi difficile. Je pense qu’il faut encore qu’on travaille un peu pour décrocher le graal. Cela motive encore plus.
Dès les premières heures, avec une pénalité et deux problèmes techniques rencontrés, les Bleus ont perdu pied…
« C’est exactement ça, avec des pannes assez improbables à ce niveau-là, que nous n’avons jamais rencontré. On a fait une saison et demie avec cette voiture, ces sujets n’avaient jamais été identifiés. Sur ces deux incidents, on perd 23 minutes. A partir de ce moment-là, la messe est dite. Le but a été de garder les gens motivés et concentrés. Il y a aussi eu l’incident avec la Porsche, qui n’aurait rien changé, mais qui vient juste créer une surcharge émotionnelle pour l’équipe. L’équipe a été super, comme si on avait joué la victoire jusqu’au bout. »
Quels étaient les problèmes ?
« Le boîtier électronique qui gère l’embrayage qui a claqué et les bobines d’allumage. C’est assez improbable, mais nous en avions deux défaillantes. Cela a pris 10 minutes pour les changer. »
La lutte pour la victoire semblait quasiment perdue d’avance ?
« La nouvelle BoP nous a remis à une place qu’on n’imaginait pas. Encore une fois, ce sont les règles. On a discuté et on a ferraillé un peu. Ils sont arrivés à cette nouvelle définition qu’on a trouvé un peu sévère. Les faits l’ont prouvé. Au-delà des problèmes, en course, on bagarre avec la LMP2 en ligne droite et qu’on n’arrivait pas à sortir du trafic. Le début de course et les 4 premiers tours ont été plutôt rigolo, même si Nico loupe un peu son départ. Sans trafic, ça allait. On a fait la course en LMP2. A partir du milieu de matinée, il a fait plus chaud, alors les pneus et le moteur de la LMP2 se dégradent, dont là nous étions en LMP2 +. »
Vous gardez néanmoins le sourire ?
« Il faut, bien sûr. Quand tu termines Le Mans, tu n’as pas le droit de faire la gueule. Comme j’ai dit, ça a le mérite de remettre les choses à leur place. Le Mans reste quelque chose d’incroyable à aller chercher. On n’était pas près. Nous l’avons touché du doigt l’année dernière, mais la vieille dame nous a dit de bosser encore un peu. C’est donc ce qu’on va faire.»