Mike McGregor, responsable du programme d’endurance de Goodyear Racing, est revenu pour Endurance24 sur le début de saison 2024 qui a vu une nouvelle grande étape pour l’Endurance : l’introduction d’une nouvelle catégorie, le LMGT3. Dans cette première partie, il a parlé des changements apportés et demandés par ce changement.
Quelle a été la différence dans votre organisation d’avoir des voitures GT3 ? Qu’est-ce qui a changé ?
« Tout ! Avec l’introduction du GT3, l’appel d’offres global de la FIA est arrivé très tard. Nous avions déjà commencé le processus quatre mois auparavant parce qu’il était très important pour Goodyear de faire du GT3. Nous pensons qu’il s’agit d’une discipline très actuelle dans le contexte du sport automobile. Les différents types de voitures, l’application des gommes à la voiture elle-même, le pneu que nous produisons, en particulier pour l’endurance, la façon dont l’ACO, la FIA, le LMEM ont créé cette longévité dans la performance des pneus, l’utilisation minimale des enveloppes, tout cela convient vraiment à nos développements technologiques et correspond au message que nous transmettons au consommateur final, à savoir que notre pneu est le plus performant possible pendant plus longtemps. Évidemment, nous n’avons pas participé à des courses de GT3 à grande échelle, sauf au Nurbürgring sur le circuit Grand Prix, depuis un certain temps, alors nous voulions vraiment partir d’une feuille blanche. Nous avons utilisé la spécification des pneus GTE comme référence pour commencer car nous avions un bon niveau pour l’équilibre des performances. En dehors de cela, il s’agit d’un tout nouveau produit, de nouveaux profils de moules, de nouvelles constructions et de nouveaux composés que nous avons développés uniquement pour le GT3. Nous sommes littéralement repartis de zéro.
Nous avons fait des essais avec de nombreux constructeurs (neuf en WEC). Le défi est réel car la différence entre les voitures est énorme par rapport au GTE en termes de répartition du poids sur le châssis, d’équilibre aérodynamique. Et plus de cela, le fait d’avoir des pilotes usine, semi-professionnels et gentlemen drivers est un véritable défi. Nous avons étudié des circuits très critiques comme Paul Ricard ou Austin (le prochain rendez-vous du WEC) où la température est forte. Nous sommes allés sur toutes sortes de tracés comme Vallalunga, en Andalousie afin de tester tous les extrêmes : chaud, froid, piste abrasive ou pas pour être sûrs de pouvoir relever tous les challenges. Évidemment, le défi est devenu plus important avec la suppression des chauffe pneus. Pour finir, l’ultime contrainte en GT3 est le double relais. Personne n’avait fait de double relais. Si vous regardez des événements comme les 24 Heures de Spa, les gommes sont changées toutes les heures, à peu près. Je dois dire qu’après le Qatar et Imola, notre département R&D a fait un travail remarquable. Le plus grand défi était de développer un composé qui puisse donner ce niveau de confiance et avoir ces niveaux d’extrêmes. Je dirais que jusqu’à présent, nous sommes très satisfaits de ce que nous avons réalisé. »
Combien de temps vous a-t-il fallu pour créer ce projet ? Quand avez-vous commencé à envisager la création de ce type de pneu et combien de temps a duré le processus ?
« Nous avons commencé à travailler sur la conception de base en octobre 2022 et nous avons publié le produit final en octobre 2023. Il nous a donc fallu une année complète pour passer par tous les cycles de développement. Même à ce moment-là, nous avons dû augmenter notre capacité pour pouvoir développer plus rapidement que ce que nous faisons normalement. Dans tout processus de développement, il y a le défi d’industrialisation car il n’y a aucun moyen de raccourcir cette échelle de temps. Ensuite, entre les deux, la fabrication de chaque cycle d’essai, l’apprentissage à partir du premier essai, qu’est-ce que nous produisons en vue de l’essai suivant ? Avec un défi supplémentaire : nous commençons avec un fabricant de châssis, un constructeur différent, mais lorsque nous en intégrons d’autres, le retour d’information change. Il s’agit de savoir ce qu’il faut ajuster d’ici et là. C’est là que je dois vraiment reconnaître l’excellent travail de notre département R&D pour cette première année. »
A suivre…