Tout juste couronnée de sa première victoire en catégorie LMP2 lors des 6 Heures de Watkins Glen, Lilou Wadoux, pilote officielle Ferrari est de retour en Europe pour participer aux CrowdStrike 24 Heures de Spa, au volant de la Ferrari 296 GT3 de Sky Tempesta Racing. Endurance24 a eu l’opportunité de s’entretenir avec la jeune Française de 23 ans, qui est pleinement engagée cette saison au Japon en Super GT.
Quel est votre sentiment après avoir remporté votre première course sur le continent nord-américain le week-end dernier au volant de l’Oreca 07 de Richard Mille AF Corse ?
« Cette victoire me fait du bien. C’est ma première victoire en LMP2, et qui plus est à Watkins Glen, en IMSA, un championnat très compétitif avec 14 voitures, dont peut-être 10 peuvent prétendre à la victoire. Gagner là-bas était un de mes rêves, d’autant plus sur un circuit aussi exigeant que Watkins Glen. Honnêtement, le début de saison a été assez difficile. Nous avons dû abandonner à Sebring et à Daytona suite à des problèmes mécaniques. Donc, nous avions vraiment besoin de terminer une course, et encore mieux, de jouer les premiers rôles. Avec les conditions météorologiques, la course a été vraiment compliquée. J’ai passé pas mal de temps à rouler en slick sous la pluie. Il fallait vraiment gérer et ne pas commettre d’erreur au mauvais moment. Nous avons été un peu pris au dépourvu au début avec la stratégie où on m’a laissé en slick sous la pluie et les autres ont mis les pneus pluie, donc s’est arrêté un peu en retard. Finalement, c’est ce qui nous a servi après quand la pluie est devenue plus intense. »
Votre course jusqu’à la victoire n’a donc pas été de tout repos, y compris à la reprise de la course ?
« Après le drapeau rouge, nous étions donc en tête avec Nicklas (Nielsen qui avait remporté les 24 Heures du Mans 2024 en Hypercar la semaine précédente. Ndlr). Nous avons eu une crevaison, mais nous avons quand même terminé la course et nous avons réussi à gagner. Il y a eu beaucoup de rebondissements qui ont fait que nous ne pensions pas que nous allions gagner, même si nous avions un très bon rythme depuis le début du week-end. Nous avons eu des gros problèmes lors des essais libres donc c’était mal parti même si nous avions le rythme. Lors des qualifications, cela semblait résolu, mais nous avions toujours le doute et en fait, lors de la course, la voiture était incroyable. Franchement, l’équipe a fait un travail énorme. Rien à dire parce que tout le week-end, ils ont travaillé pour résoudre les problèmes et cela a payé. »
Après un début de carrière en Europe, vous découvrez le sport automobile à l’heure japonaise. Comment pouvez-vous décrire cette expérience ?
« Pour être honnête, c’est juste magique là-bas. Les gens sont formidables, ils sont vraiment passionnés par ce sport. C’est incroyable, vraiment. Tu as au moins 30 000 personnes qui viennent sur des circuits qui sont perdus au milieu de nulle part. Même en essais libres, tu te bats tout le temps, tu pousses. C’est vraiment la course à l’état pur. J’adore ça. En plus, tu formes un équipage à deux pilotes, deux pros. En GT3, on doit être comme 20 voitures qui peuvent gagner. C’est vraiment relevé. C’est une bonne expérience. »
D’un point de vue purement sportif, quel bilan tirez-vous des trois premières courses ?
L’équipe, Ponos Racing, est toute nouvelle et ils sont vraiment au top pour une structure si récente. Ils sont déjà au niveau des meilleurs, ce qui est plutôt incroyable. Je dois dire que depuis le début, je n’ai jamais eu une mauvaise voiture, rien à dire. Mon coéquipier, Kei Cozzolino, qui a fait quelques plus en Europe connaît très bien le Super GT. Il a beaucoup d’expérience, donc ils mettent pas mal sur son point de vue d’expérience et même des équipes. On va continuer à développer les pneus pour arriver au top parce qu’on sait très bien que là-bas, c’est ce qui compte le plus. Bridgestone, Yokohama font des tests tout le temps. Nous, il faut qu’on travaille là-dessus pour pouvoir aller tout doucement se battre devant. On a terminé sixième à Suzuka, ce qui était un beau résultat en tant que première voiture avec des pneus Michelin. On est en train de monter tout doucement et forcément, il faut laisser le temps à l’équipe et à Michelin de pouvoir avoir tout qui se correspond. »
C’est un changement radical par rapport aux autres années ?
« Ça peut être très difficile parfois. Aussi, ça me faisait du bien de changer d’air et de découvrir autre chose. C’était un peu l’objectif aussi, parce que je suis quand même au début de ma carrière et je pensais : Maintenant, il faut que je découvre et que c’est vraiment quelque chose que j’aime. Je pense que je ne pouvais pas rêver vraiment mieux comme programme parce que ça et le P2 en IMSA, c’est vraiment bien. »
Comment abordez-vous votre deuxième participation aux CrowdStrike 24 Heures de Spa ce week-end ?
« J’ai rejoint l’équipe Sky Tempesta Racing avec un bon équipage pour la Bronze Cup. On ne sait pas trop comment va être la météo. Ça risque d’être un peu plus compliqué que l’année dernière. On part 2e de la Bronze Cup, 30e au général, ce qui n’est pas trop mal. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre mais je pense qu’on a une bonne voiture, on a une bonne équipe. On va laisser la course se dérouler et on verra dans les six dernières heures où on est. Je suis contente aussi de faire cette course parce que pour moi, c’est peut-être la plus dure des 24 heures à faire. »
Que pouvez-vous espérer en course dans la catégorie Bronze Cup avec vos coéquipiers de la Ferrari n°93, Eddie Cheever, Jonathan Hui, et ChrisFroggatt ?
« Déjà, il y a le nouvel asphalte qui change beaucoup l’approche, pour être honnête. Quand je suis arrivé aux essais libres alors que je n’avais pas fait le prologue, ça m’a un peu choqué. Je pense que pour ce week-end, on a une bonne voiture. On verra forcément en course avec le mix de conditions, comment on se situe, mais les essais libres se sont plutôt bien passés. Je sais que c’est la 296 GT3 est assez polyvalente, donc je pense que ça devrait aller. Je n’ai pas dû faire 20 tours, ce qui est très peu, mais je pense que pour la course, je serai là, c’est ce qui compte le plus. Après, pour la qualif, on ne s’était pas vraiment fixé d’objectif et finalement, ça ne s’est pas si mal passé que ça. La course, on va laisser aller et on va survivre déjà à ce qui se passe sur le circuit. On sait qu’ici, il peut tout arriver. On va survivre et on verra. »