Dans la famille Estre, je demande Daniel, le grand-père, Jean-Claude, le père, Kévin, le fils aîné, et Dylan, son frère cadet. Le sport automobile est plus qu’une simple passion pour eux, c’est un héritage familial qui se transmet depuis trois générations.
Kévin Estre est sans doute un nom qui vous est familier. Vainqueur des Porsche Carrera Cup en France et en Allemagne, des 24 Heures de Spa et du Nürburgring, ainsi que de la catégorie LMGTE Pro aux 24 Heures du Mans, il a également décroché le titre de Champion du Monde d’Endurance FIA GT. Aujourd’hui, il est temps de découvrir Dylan. À seulement 15 ans, il fait ses débuts en sport automobile en Championnat de France F4.
Après un test d’endurance à Motorland Aragon avec Porsche Penske Motorsport, Kévin Estre s’est rendu à Nogaro. Mais cette fois, ce n’était pas pour prendre le volant, mais pour épauler son frère Dylan lors de ses débuts. Endurance24 a saisi l’occasion pour réaliser une interview croisée inédite avec les frères Estre.
Dylan, 18 ans après les débuts de Kévin en Formule Campus (l’ancêtre de la F4), comment abordez vous ce premier week-end ?
« J’essaie de ne pas me mettre de pression par rapport à Kévin. Tout le monde vient et me dit : « Il faut gagner comme ton frère ». J’arrive à ne pas me mettre de pression et reste concentré sur mon objectif : gagner. Je vais tout faire pour ! »
Kévin, quels sont vos souvenirs de vos débuts en 2006 ?
« De bons souvenirs ! C’était très serré, c’était marrant. Lorsque je suis arrivé, ça m’a vraiment rappelé l’ambiance d’avoir une grande tente avec toutes les voitures les unes à côté des autres, tous les pilotes qui se parlent, qui ont un briefing ensemble, les parents qui discutent devant les tentes, etc… Ça donne une bonne ambiance et ça me rappelle cette époque là. Ce côté là n’a pas changé par rapport à 2006. Nogaro reste la première course de l’année, la météo est un peu capricieuse, c’est un classique. J’ai de bons souvenirs et c’est vrai qu’il n’y a pas de très gros écarts par rapport à ce temps là quand on est enfant. »
Que représente le sport auto pour vous personnellement ?
Dylan : « Moi, j’ai grandi avec en regardant mon frère. Après, il y a mon père avec son écurie, donc pareil, j’allais sur les circuits avec lui quand il y avait des courses. J’ai toujours voulu faire ça. »
Kévin : « C’est notre vie. Quand j’étais petit, j’allais sur les circuits et mon grand-père faisait la mécanique de Nico Rosberg en karting. Mon oncle était le patron du team. Mon père avait toujours son team en monoplace. On a eu la même éducation autour du sport auto. La maison est à 20 mètres de l’atelier de Formula Motorsport, le team de mon père, c‘est dans la même propriété. On respire le sport auto dans la famille depuis maintenant trois générations et, je pense, qu’on sait ce qu’il faut faire pour y arriver même si cela reste toujours compliqué. En tout cas, mon père a assez d’expérience avec mon oncle et mon grand-père, pour me raconter des histoires toujours plus passionnantes. »
Dylan, que vous inspire le parcours de Kévin et quelle est votre ambition ?
« Il a fait tout ce qu’il fallait. Il est incroyable, c’est mon modèle. Je n’ai jamais envisagé de faire autre chose et je veux essayer d’atteindre la Formule 1. J’ai toujours voulu faire ce métier parce que j’ai grandi avec. Mon père ne m’a jamais demandé : « Tu es sûr que tu veux faire ça ? » À mon avis, nous savions tous les deux ce que je voulais faire. »
Kévin, quels conseils pouvez-vous lui donner ?
« Essaie de ne jamais te prendre trop au sérieux, prends plaisir à conduire. Bien sûr qu’il veut faire une carrière comme celle que je voulais à l’époque et ce que j’ai réussi à faire, mais ça tient toujours à un fil. Ce qui est important, c’est de prendre du plaisir quand tu pilotes, d’essayer de mettre toutes les chances de ton côté, d’avoir une vie saine, de bien travailler à l’école, de parler anglais, d’essayer d’avoir tout le package nécessaire pour être pilote professionnel dans le futur et d’écouter ce que disent ton père et ton frère de temps en temps. C’est ce qu’il fait, donc ça va. Voilà les conseils que je peux lui donner. Après, par rapport à l’expérience que j’ai, il y a toujours un petit truc en plus par-ci, par-là, parce que ce qu’il est en train de vivre, c’est ce que j’ai vécu à l’époque. J’ai plus d’expérience et je connais ce à quoi il doit faire face, ce à quoi il doit se préparer face à certaines difficultés qu’on rencontre quand on commence. »
Quel moment marquant avez-vous vécu et vous vient en tête ?
Kévin : « Sa première fois en monoplace. Il était assez petit. Grâce à l’écurie de mon père, on arrive à rouler en étant assez jeune. Il n’a pas fait beaucoup de karting. Pour moi, en tout cas, c’est la première fois que je le voyais monter dans une monoplace en étant tout petit, si près du volant, presque à ne pas atteindre les pédales, à mettre des mousses dans le siège comme ça. C’est un moment avec mon père qui était là, je crois que mes grands-parents étaient juste sur le circuit, quelque chose d’assez marquant pour moi, en tout cas. Je me rappelle de cette époque, ce que c’était pour moi et de voir mon petit frère comme ça, c’était fort. »
Dylan : « Je m’en souviens aussi, mais ce n’était pas si impressionnant que ça. Je m’étais mis beaucoup de pression avant d’y aller, mais finalement, quand j’étais dedans, ça allait. Et aujourd’hui, je me sens prêt pour ma première saison de F4. J’aime cette voiture et mes sensations sont bonnes. »
Le jeune pilote isérois a rapidement fait sensation en grimpant de la 17e à la 4e place lors de la première course à Nogaro. Il a fait preuve d’une clairvoyance remarquable au départ qui a été donné au drapeau tricolore en raison d’une panne du signal des feux.