Jeune pilote chevronné dans le domaine du GT depuis six saisons, Julien Andlauer a récemment eu l’opportunité de prendre le volant de la Porsche 963 de l’écurie Proton Competition pour la toute première fois dimanche dernier, lors du Rookie Test WEC, à Bahreïn.
Après un premier essai prometteur en prototype (LMP2) à Portimão il y a deux semaines, ce pilote originaire de Lyon a pu découvrir la LMDh de la marque de Stuttgart, dont il est pilote officiel depuis 2018. Julien Andlauer partage ses impressions avec Endurance24.
Quelle a été votre approche entre la fin de saison en GTE et cette découverte en Hypercar ?
« J’ai changé d’état d’esprit entre le week-end de course en GTE et ce dimanche, mais surtout je n’y avais pas du tout pensé pendant tout le week-end, car notre objectif était de bien terminer la saison en GTE. C’était une course assez importante, car c’était la dernière en GTE pour cette voiture, et c’était également le cas pour Chris (Christian Ried, le patron de Proton Competition). Ce n’est que ce dimanche matin que j’ai commencé à envisager la possibilité de prendre place dans la voiture et à consulter un peu le manuel de pilotage pour me familiariser avec celle-ci. »

© MPS Agency
Comment était-ce justement à bord de cette Porsche 963 ?
« Cela ressemble un peu au monde du GT, en termes de travail. En ce qui concerne la conduite, on peut sentir que c’est une Porsche, car on a tendance à avoir une légère sur-rotation du train arrière en fin de freinage, ainsi qu’une perte du train arrière sur les freinages tardifs, ou même un peu de blocage. Contrairement à une GT3, nous n’avons pas de sac à dos, mais on peut clairement ressentir la patte de Porsche. C’est une voiture qui semble être assez efficace, bien que pas si simple à piloter, se rapprochant davantage d’une GT que d’une LMP2. »
Comment analysez-vous cette journée durant laquelle vous avez effectué 44 tours ?
« Ce fut une journée très productive. En réalité, c’était le pire circuit pour découvrir la voiture, car il comporte de nombreux virages serrés, où les prototypes éprouvent des difficultés. Il y a beaucoup de dégradations, de changements de balance, et de pertes de rythme lors des relais en raison des élévations fréquentes. En conduisant, j’ai dû utiliser peut-être 10 à 20 % de ce que la voiture peut offrir sur un relais, car c’était principalement une phase de découverte. Heureusement, j’ai bénéficié de précieux conseils de la part de Harry Tincknell, qui m’en a donné deux ou trois. Neel Jani était également présent ce matin, ainsi que quelques ingénieurs de l’équipe. »

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En termes de performance, êtes-vous satisfait ?
« En fait, mon premier temps au cours de la journée était déjà assez proche du rythme, car les points de freinage étaient assez similaires à ceux de la GTE. Les vitesses en virage n’étaient pas nécessairement plus élevées. La principale différence se trouvait sur les lignes droites, où j’ai dû m’adapter et explorer les limites ce matin. Cependant, j’étais très prudent. J’ai effectué entre 8 et 10 tours ce matin, puis seulement 3 tours cet après-midi avec des pneus neufs, et ensuite une dizaine de tours, suivi de 20 tours pour les user. J’ai l’impression que l’on atteint assez rapidement les limites de la voiture, ce qui signifie que l’on ne peut pas forcer les entrées en virage. On peut rencontrer des problèmes d’instabilité en freinage tardif, de manque de traction et de rotation dans les virages lents. Donc, même avec des pneus neufs, il faut essayer de freiner tardivement, tourner la voiture le plus tôt possible pour pouvoir réaccélérer plus tôt, et profiter de la traction et de la puissance dont on dispose. »
Julien Andlauer recevra-t-il une offre de choix pour piloter une Porsche 963 la saison prochaine ? À suivre…