| 8 mai 2023 | par

Jim Glickenhaus : « Si nous n’avons aucune chance, nous n’avons aucune raison de continuer ! »

Depuis 2021, Jim Glickenhaus et son équipe, la Scuderia Cameron Glickenhaus, disputent le WEC, non pas dans son intégralité mais au moins jusqu’à la manche post Le Mans. Si la Glickenhaus SCG 007 a brillé par le passé avec une pole position à Monza en juillet 2022 et plusieurs podiums dont un aux 24 Heures du Mans de la même année, la saison actuelle est plus compliquée. Depuis Sebring, le prototype américain est en retrait même si à Spa, on a senti la voiture un peu mieux. « Cette année est un grand changement notamment au niveau des pneus et de l’absence des cabanes de chauffe» précise l’homme de 72 ans. «Beaucoup de gens ici ont des budgets illimités et ont fait d’énormes développements. C’est donc une courbe d’apprentissage pour nous. Nous étions meilleurs à Portimão qu’à Sebring et Spa a été un cran au-dessus. » Un souci demeure, la voiture n’a pas roulé depuis Monza 2022 et l’écurie manque de moyens pour développer l’auto.

Le grand événement approche, les 24 Heures du Mans. Deux Hypercars américaines seront engagées, l’une pour le trio Romain Dumas, Olivier Pla et Ryan Briscoe, l’autre pour Franck Mailleux, Nathanaël Berthon et Esteban Gutiérrez. Jim Glickenhaus n’est cependant pas très optimiste sur l’issue de la course si rien ne change. « Notre objectif est Le Mans où nous avons deux voitures, je pense, très fiables. A mon avis, nous ferons du bon travail, mais si le WEC ne fait rien… Vous avez vu les résultats au Portimão ? Ils parlent d’eux-mêmes. Je ne veux pas commenter le BOP, mais si cela se produit au Mans, ce sera le Mans le plus ennuyeux que l’on ait connu depuis de nombreuses années et les fans seront très déçus. Tout le monde devrait avoir la possibilité de concourir et je ne pense pas que ce soit le cas, surtout pour nous. La différence entre les Hypercars hybrides et non hybrides est énorme. Nous verrons bien où tout cela nous mènera. Je tiens à dire que je suis très reconnaissant envers Ferrari et Porsche, qui représentent les voitures à l’esprit IMSA (LMDh, ndlr), ainsi qu’à Peugeot et Vanwall, qui sont à mes côtés, pour essayer de faire changer les choses. Je ne sais pas si cela se fera ou non, mais si ce n’est pas le cas, Le Mans sera terminé très tôt. »

Le Mans 2022 © MPS Agency

Jim Glickenhaus serait-il alors devenu fataliste par rapport à cette course du Centenaire ? Peut être bien ! « Je me rappelle des 24 Heures du Mans 1969, quand j’y étais. Jacky Ickx, pour protester contre la sécurité, a marché jusqu’à sa voiture, ce qui était très courageux, et s’est attaché calmement. Je crois que c’est le Le Mans le plus serré qu’il n’y ait jamais eu, quelques secondes d’écart entre la Ford GT40 et la Porsche 908. J’espérais que ce serait le cas cette année, mais si rien n’est fait, la course sera terminée au bout de trois heures avec un doublé Toyota. »

Ne pouvant pour le moment uniquement rivaliser qu’avec Peugeot, on se demande sincèrement de quoi l’avenir de Glickenhaus Racing sera fait, et ce, après Le Mans…  « Nous avons un point de vue différent de celui de la plupart des gens. Nous faisons cela parce que nous aimons la course, parce que nous voulons le faire. Nous le faisons aussi parce que cela permet de promouvoir notre marque, vendre nos voitures de route, et continuerons à le faire tant que cela aura un sens. Mais à un moment donné, si ce n’est plus le cas, ce n’est pas grave non plus. J’avoue que le WEC a moins de sens car c’est compliqué de trouver des clients pour faire rouler une voiture, surtout en ce moment. Je ne sais pas de quoi sera fait l’avenir, nous aimerions continuer, mais il faut que cela ait un sens. Et si nous n’avons aucune chance, nous n’avons aucune raison de continuer ! Y a-t-il des gens qui veulent nous soutenir ? Y a-t-il un moyen de trouver assez d’argent pour faire une évolution de l’auto vraiment compétitive pour l’année prochaine ? Nous laisseront-ils faire ? Si c’est pour faire encore une année comme celle-ci, cela ne nous intéressera pas. Quel est l’intérêt ? Nous faisons de notre mieux. Nous ne sommes pas mauvais. Nous avons été fiables à Portimão et Spa, nous n’avons pas fait d’erreurs, nous ne sommes juste pas aussi rapides. »

© MPS Agency

Un autre sujet met le patron de la Scuderia Cameron Glickenhaus en colère : l’IMSA. Au niveau du statut de constructeur outre-Atlantique, la réglementation IMSA demande à ce que tout constructeur engagé produise au moins 2500 voitures par an, ce qui est loin d’être le cas chez Glickenhaus. « Je pense simplement que tout cela est incroyablement stupide et illégal. Ils n’ont pas le droit de nous discriminer à cause de notre taille. Lorsque nous aurons terminé notre programme sportif, nous pourrions très bien avoir un recours en justice. C’est pourquoi nous enquêtons actuellement avec le Ministère de la Justice sur la question de l’antitrust. Je ne dis pas que nous le ferons ou que nous le gagnerons, ni ce que cela signifiera, mais je ne pense pas que les gens devraient être autorisés à traiter les autres de la sorte. »

© MPS Agency

Passionné de sport automobile et plus particulièrement d'Endurance, j'assiste aux 24 Heures du Mans depuis 1980 et suis accrédité depuis 2008. Je me rends régulièrement sur les plus beaux circuits européens et mondiaux. J'ai écrit pour de nombreux médias sport auto et collabore depuis quelques mois avec Endurance24
À propos de l'auteur, David Bristol

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