Comment s’est passé le début de saison ?
« Il fallait qu’on se remette dedans, passant de la LMP2 à la LMP3 car cela nécessite un pilotage forcément un peu différent. On a mis un peu de temps à Barcelone, on a eu du mal à retrouver un équilibre de voiture qui convenait à l’équipage parce qu’il ne faut pas oublier que c’est le bronze qui fait 50% de la course. On est parti un peu sur un nouveau set-up qui a créé beaucoup de difficultés. La voiture n’était pas simple et nous avons fait des erreurs en course, prenant des pénalités. Le résultat n’était pas à la hauteur de ce qu’on peut faire normalement. On avait un joker, on l’a brûlé là-bas. Au Paul Ricard, il fallait également un peu se remettre dedans après une pause de deux mois. Ce fut déjà mieux au niveau de la voiture avec quelque chose qui nous correspondait bien. On a manqué de performance sur un tour, on doit bosser sur cela pour faire des meilleures qualifications car nous avons souvent de très bonnes moyennes de relais en course. Encore une fois, Éric a fait un super relais en ramenant l’auto en deuxième position et malheureusement, au premier pit stop, nous avons eu un souci de démarreur qu’il a fallu changer. On est reparti pour engranger des kilomètres et de l’expérience. Nous ne sommes pas à la place à laquelle on espérait être à mi-championnat. Nous sommes dans l’optique quand même de passer des bons week-ends, de se faire plaisir. On ne va rien lâcher jusqu’en fin de saison. On veut prouver à l’équipe et aux mécanos que l’on est capables de mettre la caisse devant. C’est clairement l’objectif pour la fin de saison. »
Depuis, les choses ont bien progressé avec une 3e place en LMP3 lors des 4 Heures d’Aragon.
On parle souvent de l’adaptation de la LMP3 vers la LMP2. Là, c’est dans l’autre sens, comment cela se passe ?
« C’est sûr qu’il faut modifier des choses. Ce qui est plus confortable, c’est la place qu’on a dans l’habitacle, c’est plus simple pour trouver une meilleure position de conduite. Après, il n’y a pas de climatisation donc, en Espagne, ce fut dur. Je dirais qu’il fait plus chaud dans une LMP3. Après, en termes de sensation de pilotage, c’est évidemment différent de la LMP2 qui, avec les Goodyear, demandait vraiment un pilotage très spécifique. Il y a aussi moins d’aéro. Il y a plein de choses à comprendre. C’est un peu moins plaisant qu’une LMP2 parce qu’avec Matthieu, on aime les autos qui ont de l’aéro, qui passent vite en courbe. Même si le produit LMP2 a été dégradé, cela restait des caisses assez exceptionnelles, mais nous sommes quand même contents d’être en LMP3. »
Vous aviez une Oreca 07. Pourquoi ne pas être redescendu tout simplement en LMP2 Pro-Am avec, en plus, Éric qui a de l’expérience en LMP2 ?
« Je pense que l’emploi du temps a d’abord joué. Il y a aussi la raison qui, à un moment, revient sur la table. On a créé Ultimate il y a 10 ans maintenant avec un objectif que beaucoup de personnes connaissaient, réussir à faire Le Mans entre frères, avec François Heriau. Une fois cette case cochée, on avait un peu atteint l’objectif de l’écurie, de nos partenaires et des gens qui nous suivaient. On a une conjoncture économique qui n’est pas top chez certains partenaires et qui est en train de rechuter. On avait donc moins de budget avec Matthieu pour cette année et tout s’est un peu fait tardivement. Nous étions très axés sur le boulot et quand on a vu que notre dossier LMP3 était sélectionné pour l’ELMS, on s’est dit que ce serait sympa de trouver un troisième pilote avec qui on s’entend bien. Avec Eric, c’était une super opportunité d’avoir un troisième pilote français, un entrepreneur avec qui on partage pas mal de valeurs communes. C’est plutôt chouette et ça nous aide à passer de bons week-ends. »
De quoi sera fait 2024 ?
« On a envie d’essayer une GT3 dernière génération. Je n’en ai jamais pilotée et Mathieu, ça fait très longtemps. On voudrait voir si ça nous plaît, si potentiellement on peut aller vite. Notre premier objectif est vraiment de prendre du plaisir dans l’auto. J’ai des contacts qui nous ont proposé de faire du GT World Challenge et WEC l’année prochaine. Il y aura aussi l’ELMS, des opportunités à droite à gauche. Ca sera peut-être aussi du proto, je ne sais pas si on continuera l’aventure en LMP3, c’est encore tôt. Il y aura aussi les budgets qui permettront de le faire ou pas. On va rester raisonnables et il faut qu’on trouve un programme en Europe ou autour et qui nous permette de prendre du plaisir, faire des belles courses. Et si possible, jouer la gagne. On va voir comment se déroule la fin de saison et quelle opportunité se présentera à nous. »
Pensez-vous également aux 24 Heures du Mans ?
« Le Mans, forcément, beaucoup de pilotes qui l’ont fait veulent y retourner. J’ai un peu digéré l’édition 2022 et j’aimerais y aller à nouveau pour faire mieux et pour vivre ça différemment. La première fois, tu en prends un peu plein les yeux, tu ne profites pas de l’événement à 100 %. Il faut attendre un peu la conjoncture, voir comment elle évolue dans les deux ou trois prochaines années. Après, ce qui n’est pas simple pour nous, c’est qu’idéalement, avec Matthieu, on cherche un programme sur la même auto. On est deux Silver, tous les championnats ne proposent pas beaucoup d’opportunités pour deux pilotes comme nous sur la même auto. »