Il y a 100 ans jour pour jour, à 16 heures, la première voiture lauréate des 24 Heures du Mans franchissait la ligne d’arrivée. Alors que le Centenaire pointe le bout de son nez, retour sur la naissance de cette course de légende.
En 1906, l’Automobile Club de l’Ouest lance une course automobile qui démarre du Mans : le Grand Prix de l’ACF. Cette épreuve est la première organisée sur le circuit de la Sarthe par un Automobile Club de l’Ouest naissant. Le succès de l’épreuve grandit jusqu’à un désaccord avec l’ACF. L’ACO décide alors de créer son propre événement. En 1920, le secrétaire général Georges Durand de l’Automobile Club de l’Ouest étudie le projet d’une compétition qui contribuerait à l’évolution du progrès technique et favoriserait l’essor de l’automobile. Là, on ne parle pas de vitesse pure, mais plus de faire durer des voitures proches de la série sur 24 heures pour démontrer leur endurance et fiabilité. En 1922, l’ACO annonce la création d’un nouveau type de compétition, une épreuve d’endurance où des équipages de deux pilotes par voiture se relaieraient jour et nuit. A l’époque, le pilote devait effectuer seuls les éventuelles réparations avec du matériel embarqué. Abandonnant le triangle Le Mans-Saint-Calais-La Ferté-Bernard (le premier circuit de la Sarthe), l’ACO, au lendemain de la première guerre mondiale, dessine un nouveau tracé nouveau qui pénétrait dans le sud de la ville jusqu’à la fameuse épingle de Pontlieue. Il mesurait alors 17,262 km. Tout était en place pour le premier acte.
La première édition a donc eu lieu les 26 et 27 mai 1923, il y a un siècle donc, qui portait le nom de Grand Prix d’Endurance de 24 Heures de 1923 et était la première manche de la coupe Rudge-Whitworth. Le samedi, la météo est exécrable avec pluie et grêle (au départ). Cela ne freine pas les spectateurs qui se déplacent, même si ce n’est pas encore la foule que l’on connait maintenant. Sur la grille de départ, 33 voitures, françaises pour la plupart, sont présentes. On y trouve 17 marques (forfait de Voisin) représentant trois nations : la Belgique, la France et la Grande-Bretagne. Et peu importe le classement final puisque de classement il ne sera pas fait état.
À 16 h précises, le départ est donné par Charles Faroux. Pendant l’épreuve, Frank Clement (Bentley 3 Litre Sport n°8) signe le record du tour en en 9 min 39 s. C’est après 16 heures de course que tout bascule lorsque la Bentley qui domine connait un souci. Une projection de pierres perce le réservoir d’essence et l’auto tombe en panne à 5 kilomètres des stands. Le pilote prend la décision de marcher en direction de son box et une fois arrivé, il repart chevauchant une bicyclette empruntée à un gendarme avec deux bidons d’essence sur les épaules. Il colmate alors le trou avec un bouchon de liège et du savon puis reprend la piste, avec le vélo sur les sièges arrières. La course est cependant perdue et elle finit 5e.
Au terme des 24 heures de course, seules trois voitures manquent à l’appel soit 9% d’abandons, un record qui n’a toujours pas été égalé. La Chenard et Walcker n°9 d’André Lagache et René Léonard l’emporte. Elle a parcouru 128 tours du circuit (2 209,560 km au total), à une moyenne de 92,064 km/h. Elle devance de 69,048 km la seconde Chenard & Walcker engagée, la n°10 confiée à Raoul Bachmann et Christian Dauvergne.
Voilà comment est née la plus ancienne et la plus prestigieuse des courses d’endurance pour voitures de sport au monde et comment une marque française a été la première à inscrire son nom au désormais long palmarès des 24 Heures du Mans. Dans quelques jours, on fêtera les cent ans d’une épreuve qui reste la plus grande course d’endurance au monde. On célébrera la 91e édition qui sera à guichets fermés, une première.