Gillian Henrion est l’un des pilotes français d’avenir en Endurance. Son parcours a été fulgurant.
Arrivé en 2022 en Ligier European Series, le natif de Nancy a remporté 11 des 12 manches disputées et a bien entendu décroché le titre. L’an dernier, il a roulé en Michelin Le Mans Cup en LMP3 et a été champion dès la première année. Toujours pour le compte de l’équipe Virage, le Français a triomphé lors du lever de rideau ELMS 2024 à Barcelone en LMP3 et est remonté sur le podium à Imola (Ligier JS P320 n°8 avec Julien Gerbi et Bernardo Pinheiro). Son parcours n’est pas passé inaperçu si bien que le WEC et l’ACO l’ont sélectionné pour disputer les Rookie Test à Bahreïn début novembre.
Où étiez vous quand vous avez appris que vous étiez sélectionné pour le Rookie Test ?
« Une petite anecdote sympa : j’étais à l’école (il est en Master 1 Management de Sport) et je reçois un coup de fil vers 12h15. Je ne peux pas répondre et reçois un message où il est écrit : « rappelez moi au plus vite » signé le WEC. Là, c’était important, j’ai demandé à sortir de classe cinq minutes. Je rappelle, la conversation coupe en plein milieu, je rappelle à nouveau et on m’explique que je suis sélectionné pour les Rookie Test WEC en GT3 à Bahreïn. »
Quelle a été votre réaction ?
« Une explosion de joie, pour être honnête. C’est une très bonne nouvelle qui arrive vraiment au bon moment. En tout cas, personnellement, c’est vraiment exceptionnel, incroyable. »
C’est pour piloter la Porsche 911 GT3 de Manthey Pure Racing qui vient de remporter le championnat. Ce sera la découverte du monde du WEC, mais aussi du GT3 et du GT tout court…
« C’est exactement ça ! J’ai fait cinq tours dans une Aston Martin GT en 2021 pour voir un petit peu ce que ça donnait, c’est tout. Ça va être une vraie découverte du GT. Même s’il y a toujours la contrainte financière qui arrive, on va essayer de se préparer au mieux, avec nos propres moyens, surtout du simulateur, je suppose. Mais en tout cas, une très belle opportunité ! »
« Je n’ai pas de prétention, mais j’espère me montrer au mieux !»
Et en plus, un circuit inconnu, Bahreïn.
« J’y ai fait du karting, mais le circuit n’est pas le même (rires). Donc cela va être sur un nouveau tracé, avec une nouvelle voiture. Je n’ai pas de prétention, mais j’espère qu’on va essayer de se montrer au mieux. »
Qu’est ce que cela représente pour vous ? Une concrétisation ? Une vraie fierté ? Un peu de lumière sur vous ? Un peu tout ça ?
« Oui parce que ce n’est jamais simple, surtout dans le monde de l’endurance. On est quand même dépendants du matériel, des pilotes, c’est assez compliqué de tout mettre bout à bout sur une course de quatre heures. Ce n’est pas forcément le meilleur équipage ou le meilleur pilote qui gagne. Avoir cette opportunité permet déjà de montrer que je n’ai pas été sélectionné pour rien, cela veut dire que j’ai pu montrer un petit peu ma vraie valeur. Je suis quand même parti en 2021 sur une saison blanche faute de moyens financiers. J’ai rebondi en Ligier European Series, décroché la bourse qui me permettait d’accéder à la Michelin Le Mans Cup, d’avoir à nouveau un petit peu d’aide de Ligier pour l’ELMS cette année. Tout ça mis bout à bout fait que c’est une belle histoire, quelque chose qui me touche. On va essayer de continuer jusqu’au bout ! »
Votre saison en ELMS a très bien commencé et c’est un petit peu plus compliqué après….
« On gagne à Barcelone dès la première manche, encore une belle histoire et, en plus, avec un autre pilote Ligier European Series en tant qu’équipier. Le reste de la saison a été plus difficile. On a souffert deux fois dans des arrêts au stand un peu compliqués. On a perdu des gros points au championnat. Nous sommes 3e, à 20 points du premier, c’est toujours possible, mais nos chances se réduisent. On va se donner à fond sur les deux dernières courses, essayer de montrer de quoi on est capable et on verra bien. »
L’année prochaine, pour l’instant, vous cherchez…
« Aucune idée pour le moment. Ce fut le même cas de figure cette saison, ça s’est décidé très tardivement. Ça dépendait déjà de ce qu’on récoltait en amont. Pour 2025, je ne sais toujours pas, on va essayer de voir un petit peu les opportunités qui se s’offrent à nous, mais c’est vrai que le monde du sport automobile est parfois peut-être injuste et très compliqué. On dépend vraiment du financier. »
Et l’envie serait de faire quoi ? Une deuxième saison LMP3 en ELMS pour concrétiser ou franchir la marche qui vous manque vers le LMP2 ?
« Franchement, je ne sais pas trop. Si je devais refaire une saison en LMP3 en ELMS, ce serait avec de meilleures possibilités, meilleures opportunités. Il faut réussir à mettre toutes les chances de mon côté parce qu’on ne peut pas payer une saison qui coûte déjà extrêmement chere pour juste terminer dans les dix premiers. Le LMP2, c’est un peu pareil. Si c’est terminer huitième, on aura payé une saison pour rien. Le but est de se mettre en valeur. J’aimerais bien rester dans une Ligier, ça me tient à cœur, mais après, on verra ce qui s’offre à nous. Franchement, pour l’instant, je n’ai aucune idée de mon avenir. »