Alors que le Championnat du Monde d’Endurance (WEC) s’ouvre au Qatar, Jules Gounon s’apprête à vivre une saison 2025 hors du commun. Pilote officiel à la fois en Hypercar avec Alpine et en GT avec Mercedes-AMG, il se retrouve dans une position privilégiée et rare dans le paddock. Entre ambitions, défis et équilibre entre deux constructeurs majeurs, il s’est confié à Endurance24 depuis le paddock de Losail.
Une situation rare dans le sport automobile
Être sous contrat avec deux constructeurs, engagés certes dans deux catégories différentes, mais toutefois dans le même championnat, au plus haut niveau, est un cas rare. « Ce n’est pas commun », admet Jules Gounon qui partage le volant de l’Alpine A424 n°36 avec Mick Schumacher et Fred Makowiecki. « C’est d’abord un énorme remerciement aux deux côtés : Alpine et AMG, qui m’accompagne depuis cinq ans. Mon objectif a toujours été de rouler en Hypercar, mais Mercedes-AMG ne faisait pas d’Hypercar. AMG voulait également que je fasse partie du projet LMGT3 en WEC donc on a trouvé un compromis : me concentrer sur des courses importantes en GT, comme le DTM et les 24 Heures de Spa, tout en ayant mon programme principal en WEC. »
Un équilibre rendu possible grâce à la flexibilité des deux constructeurs : « C’est quelque chose d’assez unique et je le dois au bon vouloir de plusieurs personnes : Nicolas Lapierre, Bruno Famin, Philippe Sinault chez Alpine, Stefan Wendl et Christoph Sagemüller chez AMG. Ce sont eux qui ont permis que cela arrive. »
Moins de courses, plus de préparation
Jules Gounon est habitué aux saisons chargées, avec près de 30 courses disputées l’an dernier, rien qu’en GT. Mais en 2025, il réduit la cadence : « Je vais faire une vingtaine de courses cette année. Ça a été une demande des constructeurs : faire peut-être moins de courses, mais avec plus de qualité et un vrai focus sur chaque programme. Pour moi, c’est un avantage, car je peux me préparer physiquement pour l’Hypercar, qui est plus exigeante qu’une GT. L’an dernier, c’était mes quatre premières courses en prototype de ma vie ! Ce n’est pas comme si j’avais fait du LMP2 ou de la monoplace avec beaucoup d’aéro avant. Mon objectif est d’atteindre le même niveau qu’en GT, mais ça prend du temps. »
© Alpine / DPPI
Le calendrier de juin, particulièrement intense, a aussi influencé cette décision : « Entre le DTM, Le Mans, les 24 Heures du Nürburgring, Spa, puis enchaîner avec Interlagos, ce n’était pas raisonnable. C’est mieux ainsi, avec une coupure pour se ressourcer et revenir fort. » Il fera ainsi l’impasse sur le double tour d’horloge allemand, mais sera bien en quête d’une troisième victoire aux 24 Heures de Spa, point d’orgue de la saison du GT World Challenge Europe dont il disputera les courses de l’Endurance Cup, en plus du DTM des autres courses de l’Intercontinental GT Challenge, à l’exception de Suzuka, sans oublier la Coupe du Monde FIA GT à Macao.
De réserviste à titulaire chez Alpine
En 2024, Jules Gounon avait disputé une demi-saison en Hypercar avec Alpine, mais dans des conditions particulières. « Statistiquement, j’ai fait la moitié de la saison, mais je ne l’ai pas du tout ressentie comme ça », explique-t-il. « C’était suite à la blessure d’un pilote, ce qui est toujours horrible. Et en tant que pilote de réserve, on ne fait pas vraiment partie intégrante d’un équipage. Là, c’est différent : j’ai un rôle défini, un équipage bien en place, et on a déjà passé du temps ensemble en dehors des circuits pour se connaître, faire du sport… C’est ça l’endurance, cet ‘esprit d’équipe’. »
Le travail en interne a aussi évolué : « L’approche a complètement changé cet hiver. Travailler avec le même ingénieur toute la saison, être impliqué dans toutes les décisions, c’est un vrai plus pour moi. »
© Alpine / DPPI
L’arrivée de Fred Makowiecki : un mentor en plus
Alpine a renforcé son équipe en recrutant Fred Makowiecki, une référence en endurance en provenance de chez Porsche. « Ça apporte un gros plus », assure Gounon. « Déjà, l’arrivée de Nicolas Lapierre (en tant que directeur sportif) a été énorme, en termes de rigueur et de méthode de travail. Et avec Fred, cela apporte un gros plus. Je me rappelle qu’en 2015, j’étais un jeune espoir Porsche Cup. Dix ans plus tard, on est coéquipiers en Hypercar, c’est assez fou. Pour moi, il a toujours été un modèle. Il vient du GT, il a fait une grosse carrière en Hypercar… Je vais essayer d’apprendre un maximum de lui. »
Jules Gounon, alors espoir Porsche Carrera Cup France et Fred Makowiecki il y a 10 ans, en 2015
