John Doonan, le patron de l’IMSA, était au Mans pour assister à la course des 24 Heures, mais aussi à la conférence de presse de l’Automobile Club de l’Ouest organisée la veille de la course. Endurance24 a pu le rencontrer pour la première fois et aborder les thèmes abordés.
Cette conférence donnée de concert par Pierre Fillon, le président de l’ACO, Frédéric Lequien, le président de LMEM et directeur général du FIA WEC / ELMS, Richard Mille, le président du Comité Endurance de la FIA et John Doonan avait aussi des répercussions sur l’IMSA. La première touche à la catégorie reine : l’homologation des Hypercars pour le WEC est prolongée jusqu’en 2029. Le patron de l’IMSA a confirmé que l’institution américaine allait calquer en prolongeant le règlement de sa classe reine, le GTP, jusqu’en 2029.
« À l’origine, le règlement allait de 2023 à 2027, il va être étendu à 2029, soit deux ans de plus« , nous a-t-il précisé. « Cela a du sens du point de vue de la stabilité pour ceux qui se sont engagés tôt. Je pense que cela va également créer une opportunité pour certains nouveaux constructeurs qui étudient la possibilité de s’engager en LMDh. C’est encourageant, cette prolongation confirme également que les LMDh et Hypercars (LMH) pourront participer au championnat IMSA WeatherTech SportsCar pendant la durée de cette prolongation. »
Pour la première fois de son histoire avec les GTP, l’IMSA s’apprête à accueillir une Hypercar LMH avec une Aston Martin Valkyrie. « Nous souhaitons la bienvenue aux concurrents LMH aux États-Unis. Aston Martin a annoncé son intention de venir, nous sommes donc tout à fait disposés à les accueillir. Ce serait la première voiture LMH à participer à une compétition IMSA. ».
La volonté est claire : attirer plus de constructeurs et de voitures en GTP (et LMH) pour avoir encore plus de concurrence. « Je pense qu’avec cette extension du règlement, nous verrons quelques constructeurs supplémentaires nous rejoindre. De plus, il sera possible d’accepter les Hypercars à l’avenir et nous les accueillerons volontiers. En plus d’Aston Martin, nous aimerions que Ferrari et Toyota nous rejoignent. Nous souhaiterions évidemment en voir plus, mais c’est à eux de décider. »
Une différence va cependant exister dès 2025 entre l’IMSA et le WEC : le nombre de voitures obligatoires par constructeur (deux en WEC). « Nous n’avons pas encore pris d’engagement à ce sujet, cela ne nous concerne pas pour l’instant. Ajouter des voitures et augmenter les coûts est délicat, mais en fin de compte, c’est aux marques de décider. » Pour le moment, Aston Martin via Heart of Racing Team ne devrait aligner qu’une seule Valkyrie en IMSA GTP.
Les LMP2 toujours les bienvenues
L’autre annonce concernait l’extension de « vie » des LMP2 actuelles en ELMS et donc en IMSA jusqu’à 2027. Une excellente nouvelle de l’autre côté de l’Atlantique. « Nous avons constaté une très belle tendance à la croissance en LMP2, avec désormais 13 participants à la saison complète, ce qui est très bien pour nous. Prolonger ce règlement, avec toutes les marques, les actifs et les investissements réalisés par les équipes, crée une stabilité supplémentaire. Et certaines équipes LMP2 aimeraient bien participer à un programme GTP ou à un programme de catégorie supérieure. Pour nous, c’est donc une bonne chose, nous les accueillons à bras ouverts. »
Concernant la réglementation sur l’hydrogène, les retards et la position de l’IMSA quant à l’adoption de ce règlement aux USA, John Doonan s’est voulu prudent. « À l’instar de la croissance du GTP, la participation à l’hydrogène est vraiment déterminée par les constructeurs et par ce qu’ils estiment être le plus pertinent pour leur voiture de route et leurs stratégies en matière de groupe motopropulseur. Nous continuerons à étudier la question avec ces marques car ce sont elles qui dirigent. Nous ne sommes pas totalement engagés en vue de 2028 (date annoncée par l’ACO). Nous allons continuer à analyser pour savoir où les constructeurs veulent aller. Je pense que c’est de cette façon que le succès avec les LMDH existe. À un moment donné, nous nous sommes assis autour d’une table avec 16 marques et nous leur avons présenté plusieurs options. Ils ont tous voté pour l’Hybride et c’est dans cette direction que nous sommes allés. Je pense que les résultats parlent d’eux-mêmes. »
Un début de saison « incroyable »
John Doonan est ensuite revenu sur le bilan plus sportif de l’IMSA en 2024 (avant les 6 Heures de Watkins Glen). « Le début de saison est incroyable. Nous avons déjà eu cinq courses dans le championnat. Chacune a enregistré un record d’affluence, c’est une bonne chose pour l’avenir de notre sport. Il y a eu beaucoup de jeunes familles, beaucoup de fans de la nouvelle génération, c’est bien pour le renouvellement de notre public. Jusqu’à présent, en IMSA, onze constructeurs différents ont remporté une course (toutes catégories confondues) depuis les premières courses de la saison. Je suis très fier de cela »
Aucun changement ne sera effectué à l’avenir au niveau des catégories telles qu’on les connait. « Pour l’instant, l’IMSA ne compte que quatre catégories : GTP, LMP2 et les deux catégories GTD. Une fois de plus, ce sont les constructeurs qui sont à l’origine de ces classes. Nous avons créé le GTD Pro parce que plusieurs constructeurs voulaient proposer des équipages entiers de pilotes professionnels. Avec la catégorie GTD Pro et GTD tel que nous les connaissons, avec une combinaison pro et une combinaison Bronze / Silver, les grilles sont pleines, la voie des stands est presque complète, le paddock est plein, c’est donc difficile de faire plus. » Mais le patron de l’Endurance américaine ne regrette absolument pas son choix de scinder le GTD en deux et d’y insérer une catégorie Pro. « Nous en sommes ravis et nous avons aussi vu l’arrivée de nouvelles autos dans les deux catégories : la nouvelle Ford Mustang, la nouvelle Corvette, Porsche veut toujours avoir des pilotes usine dans ses équipages, tout comme Aston Martin, Lexus. McLaren y est aussi en Pro maintenant avec Pfaff tout comme Paul Miller Racing, une très forte équipe client BMW. Nous avons un groupe très fort de constructeurs qui veulent être présents et d’équipes en Pro. Cela crée des événements passionnants pour nous et les fans. »