Au terme d’une course animée et marquée par de nombreux rebondissements, Alpine s’est imposée avec l’A424 n°35 à Fuji. Bruno Famin et Philippe Sinault reviennent sur les éléments clés qui ont mené à ce triomphe.
Quel est votre regard sur cette course mouvementée ?
Bruno Famin : Il y a eu des courses WEC où il ne se passait pas grand-chose, mais là, dès le départ, on a vu que ça n’allait pas s’arrêter. Beaucoup de combats, des voitures très proches, pas mal de bouts de carbone qui volaient… C’était riche en faits de course. On a été pénalisés sur les deux autos assez rapidement. La n°36 a même été sortie de la bagarre après un passage au round prématuré sous safety car. En revanche, la 35 s’est retrouvée relancée et repositionnée. À partir de là, c’est devenu une deuxième partie de course stratégique, où il fallait parier sur les prochaines neutralisations, la consommation, les pneus…
Le rythme de course était-il au rendez-vous dès les essais ?
C’était un peu la leçon des free practice : on a vu qu’on était pas mal en rythme de course. En revanche, les qualifications n’étaient pas au niveau. Notre crainte, c’était de rester bloqués dans le trafic. À Sao Paulo, c’est ce qui nous avait coûté cher. Et aujourd’hui, doubler devient de plus en plus difficile en Hypercar avec des vitesses de pointe égalisées. C’est aussi ce qui provoque les contacts.
Quel est le secret pour aller chercher une victoire comme celle-ci ?
C’est l’avantage des courses de 6 heures : elles sont animées. Ça donne l’occasion de se refaire quand c’est mal engagé. C’est du 50-50. Encore faut-il savoir exploiter les opportunités. On ne voulait pas jouer placé, on a visé la victoire. Et ça a payé.

© FIA WEC / DPPI
Philippe Sinault : « C’était réfléchi »
Peut-on parler d’un succès inespéré ?
Inespéré dans la forme, oui. Mais on savait qu’on avait une bonne voiture pour la course, comme souvent. Ce qui nous manque encore, c’est une voiture capable de faire un temps rapide sur un tour. En revanche, sur le rythme en course, on savait qu’on était bien préparés, notamment grâce au travail en essais libres. Il fallait rester lucide et saisir les opportunités.
Quels ont été les deux moments décisifs ?
Le premier, c’est l’arrêt volontaire juste avant le Full Course Yellow. On savait qu’il fallait provoquer un peu les événements pour revenir dans le match. Et le deuxième, c’est la décision de ne pas changer les pneus à droite sur le dernier arrêt. C’était réfléchi. Notre voiture est stable en dégradation. Ressortir avec quatre pneus neufs aurait été risqué car on aurait perdu du temps. Charles (Milesi) a su gérer ses gommes et garder le rythme.
Sur le plan émotionnel, que représente cette victoire ?
C’est une belle récompense humaine, surtout pour les gars de la 35 qui avaient été un peu « chat noir » jusque-là. Ce n’est pas parce qu’on avait fait trois courses compliquées qu’on était devenus mauvais. Il faut savoir éviter la peur, qui tétanise les talents. Cette victoire, c’est aussi la preuve qu’il faut continuer à travailler et à y croire. L’équipe de la 36 aussi a beaucoup apporté au développement de la voiture, même si leur course a basculé avec la dernière pénalité.
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