ASP (Auto Sport Promotion), l’écurie fondée par Jérôme Policand, jouit d’une réputation établie en tant qu’une des équipes emblématiques de la scène internationale du GT3 depuis plus de quinze ans. Avec l’arrivée des LMGT3 dans le Championnat du Monde d’Endurance de la FIA et aux 24 Heures du Mans 2024, l’écurie basée dans le Tarn devrait bénéficier du soutien de Toyota Gazoo Racing Europe pour aligner deux Lexus RC F GT3 à partir de la saison à venir.
La situation devrait rapidement se clarifier, car selon nos sources, une annonce est prévue dès mardi prochain. À cette occasion, la Lexus RC F GT3 est attendue sur le circuit de Portimão pour des essais mardi et mercredi avec, entre autres, José Maria Lopez à bord.
« Il y a deux ans, j’ai fait un constat. Nous avons été parmi les premières équipes en Europe à s’engager en GT3. C’était en 2006, à Silverstone, lors de la saison inaugurale du FIA GT3 European Championship. La voiture de base à l’époque était la Porsche GT3 996-997, » nous a expliqué Jérôme Policand lors d’un entretien au Castellet. « Nous étions là dès le début, puis le GT3 a connu un véritable essor avec le Blancpain GT Series en 2011. Je pense qu’avec WRT, AF Corse et peut-être Barwell, nous ne sommes pas nombreux à être encore actifs dans cette discipline après 10 ans. Et maintenant, avec l’admission des GT3 aux 24 Heures du Mans et en WEC, c’était une évidence. Personnellement, j’ai toujours été amoureux des 24 Heures du Mans. En tant que pilote, j’y participé treize fois et j’ai pris part à de nombreuses séries, avec des Corvette, des Ferrari, et j’ai également disputé l’IMSA (American Le Mans Series) avec Prodrive. »
© Patrick HECQ Photography
L’arrivée des LMGT3 est ainsi une opportunité idéale pour Jérôme Policand d’amener son équipe là où il a toujours souhaité être, au Mans. « J’avais toujours affirmé que j’y retournerais dès que possible. Maintenant que les GT3 sont admises, je me suis dit : ‘Je dois être là’, mais il est clair que cela représente un défi budgétaire majeur. Sur le plan logistique, c’est également un enjeu considérable. J’ai travaillé pendant deux ans pour que cela devienne réalité. Nous sommes à la dernière ligne droite, car la date butoir est fixée au 20 octobre. En effet, pour pouvoir participer, il nous faut une recommandation écrite d’un constructeur et déposer notre engagement avant cette date. »
Prudent lorsqu’il aborde ce projet, Jérôme Policand demeure toutefois optimiste. Il a déclaré : « J’ai tout mis en œuvre pour y parvenir, et je suis confiant. Cela représenterait une étape majeure pour l’équipe, d’autant plus que les places sont limitées. Par conséquent, même si tout s’aligne, il n’est pas garanti que nous puissions participer dans deux ou trois ans. Nous allons donc voir si nos deux années d’efforts seront récompensées pour obtenir un engagement avec un constructeur. »
En raison des coûts élevés associés à cette démarche, le patron de la structure tricolore explique que « si nous nous lançons dans le WEC, c’est dans une perspective à long terme. Ce n’est pas une décision impulsive pour une ou deux saisons. Cela tient au fait que nous ne nous attendons pas à des résultats exceptionnels dès la première année. Il y a également le règlement à maîtriser et les exigences techniques à prendre en compte. Les voitures sont différentes. Par conséquent, il est essentiel de planifier cela sur plusieurs années. »
Une vision à long terme qui prendrait tout son sens avec Toyota, actuellement en train de développer une nouvelle GT3 pour les années à venir : « L’idée est là, mais je n’en sais pas plus que vous sur la voiture, car elle est en cours de développement au Japon. Pour le moment, nous nous concentrons sur la faisabilité des deux prochaines années, tout en tenant compte des autres disciplines et championnats. Il est essentiel de considérer l’ensemble, plutôt que de simplement décider que dans deux ans nous ferons rouler telle voiture, ou dans quatre ans telle autre. Une équipe a besoin de motivation, d’objectifs clairs, mais aussi de stabilité. »
Si ASP s’engage en FIA WEC en 2024, elle devra renoncer au Fanatec GT World Challenge Europe où elle a conservé ses titres en Endurance et au classement général avec Mercedes-AMG, du moins la saison prochaine : « Nous ne sommes absolument pas lassés du GT World Challenge que nous pratiquons depuis treize ans, bien au contraire. J’adore particulièrement la série Sprint, c’est ma préférée. Elle a également contribué le plus à la progression de l’équipe et de nos pilotes. Cependant, pour être compétitif, il faut disposer des bonnes voitures et des ingénieurs qualifiés. Ce n’est pas aussi simple que d’ajouter des chiffres ou des nombres, et je dirais que nous en sommes un exemple. Il me semble difficile de concilier les deux la première année, mais notre objectif pour la deuxième année est de réintégrer les deux compétitions. Ce que l’on ne perçoit pas de l’extérieur, c’est le degré de complexité logistique, bien au-dessus de tout ce que nous faisons actuellement. De plus, il existe des règlements différents à prendre en compte. Tout cela doit être prêt d’ici le 15 janvier. »
Rappelons que l’écurie de Jérôme Policand, sous le nom de Matmut Evolution, a débuté sa relation avec Toyota l’hiver dernier pour engager des Toyota GR Supra GT4 Evo en Championnat de France FFSA GT, avec le titre Silver Cup à la clé.
