| 20 octobre 2023 | par

Sylvain Guintoli : « Après les 24H Motos, l’objectif est de faire les 24 Heures du Mans »

© Nico Deumille

Champion du Monde de Superbike en 2014 et champion du monde d’Endurance en 2021, Sylvain Guintoli est un pilote au palmarès impressionnant. Il peut également se targuer d’avoir remporté deux fois le Bol d’Or, en 2021 et 2023, ainsi que les 24H Motos à deux reprises (en 2021 et 2022). Il est indéniablement une figure emblématique de l’univers de la moto.

Cependant, le pilote chevronné, qui a également évolué en MotoGP, a décidé de se lancer un nouveau défi en débutant ce week-end en sport automobile, avec pour objectif de participer aux 24 Heures du Mans à moyen terme. Il est au volant le volant de l’Audi R8 LMS GT3 de Steller Motorsport à Portimão, dans le cadre de la Michelin Le Mans Cup, démontrant ainsi sa polyvalence et sa soif de nouveaux défis.

Sylvain Guintoli, toujours avide de compétition, nous a fait part lors d’un entretien au long cours de ses aspirations et de ses ambitions dans cette nouvelle aventure.

Que pouvez-vous nous dire sur ce projet en sport automobile ?

« Ça fait longtemps que je suis dans la moto, plus de 20 ans maintenant, mais j’ai toujours été aussi passionné d’automobile, de sport auto. Même si je n’avais jamais trop le temps ou en étant en contrat avec des constructeurs moto, ce n’était pas évident de pouvoir faire des courses. J’ai toujours fait un peu des courses à droite, à gauche, mais vraiment comme ça, par plaisir. L’envie de venir courir est venue surtout les deux dernières années ou plutôt la dernière année après découvert l’endurance moto, et les 24 heures du Mans Motos, pour la première fois en 2021. C’est une épreuve qui m’a tout de suite séduite, qui m’a beaucoup plu. Il y a aussi un esprit d’équipe qui est différent par rapport au sprint. J’ai donc fait déjà trois ans d’endurance, 21, 22, 23, avec le SERT (Suzuki Endurance Racing Team), le team français qui est basé au Mans d’ailleurs, au Technoparc. »

© MPS Agency

Vous avez donc un objectif bien précis en tête ?

« L’idée est venue de faire de la voiture pour essayer d’aller aux 24 Heures du Mans. Donc, la route est encore longue, cela représente beaucoup d’apprentissage et je pense qu’en commençant en Le Mans Cup et en ELMS, c’est commencer en bas de la pyramide de l’Endurance. C’est dans ce sens-là qu’on va essayer de construire ce projet pour l’avenir. »

Vous ne mettez pas pour autant fin à votre carrière de pilote moto ?

« Non, je reste toujours pilote moto. L’année prochaine, je serai avec BMW. Je vais être le pilote test en Championnat du Monde. BMW fait un test team pour le Championnat du Monde de Superbike. Je suis aussi consultant pour la télé en Angleterre sur les courses MotoGP. Je fais toutes les courses MotoGP, toutes celles avec lesquelles il n’y a pas de clash. Il y a donc un gros programme pour l’année prochaine, dont un programme aussi en voiture. Pour le moment, on est en train de travailler dessus pour essayer d’aller en ELMS l’année prochaine. Je crois que ce serait une première d’avoir un pilote qui soit à la fois engagé en moto et engagé en auto. »

Cette pige ici, au Portugal, représente donc la première étape de votre projet. Comment vous êtes-vous préparé ?

« En fait, je n’avais jamais essayé de GT3. L’auto, ce n’est pas comme la moto. Il faut faire un certain nombre de courses pour avoir la licence internationale. J’ai fait ça en Angleterre, j’ai fait des courses nationales, pour obtenir les signatures nécessaires. J’ai récemment obtenu ma licence internationale, et cette expérience ici est ma première avec une GT3. Nous avons effectué des essais ici il y a dix jours, qui se sont parfaitement déroulés, mais les conditions météo étaient très différentes, avec une forte chaleur. Aujourd’hui, c’est complètement différent avec la pluie. C’est un tout nouveau type de conditions pour moi. Donc, c’est agréable de pouvoir faire quelques tours sous la pluie. C’est vraiment le début de mon apprentissage. »

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© Nico Deumille

Quelles sont vos sensations derrière le volant ?

« Honnêtement, la voiture est vraiment agréable à piloter. Elle est réactive. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Je connais bien ce circuit, ayant eu l’occasion de piloter ici en MotoGP et en Superbike à plusieurs reprises. Cependant, lorsque je suis monté pour la première fois dans la GT3, j’ai ressenti une certaine intimidation, car c’est une voiture imposante avec beaucoup de puissance. Bien sûr, elle ne va pas aussi vite qu’une moto, en particulier pas aussi vite qu’une MotoGP, mais elle est quand même rapide. Il y a beaucoup de choses à apprendre, beaucoup de compétences à maîtriser. En toute sincérité, c’est un grand plaisir. C’est génial de piloter cette voiture. C’est le rêve. »

Combien de temps vous donnez-vous pour atteindre les 24 Heures du Mans ?

« Je pense qu’il va falloir quelques années. Et ça va dépendre du programme qu’on peut mettre en place. Ça va dépendre de combien de tests on peut faire et de l’intensité du programme. Mais oui, il faut être réaliste. Je suis là pour être compétitif, mais il y a beaucoup de travail. Donc c’est pour ça que je veux commencer en bas de la pyramide d’endurance, faire mes marques, apprendre, enchaîner les courses, engranger de l’expérience et progresser petit à petit. »

© Jakob Ebrey Photography

Quel serait le programme l’année prochaine ?

« L’objectif est d’être en ELMS rapidement. Je pense que c’est une super catégorie pour pouvoir apprendre et passer au niveau au-dessus. On réfléchit au futur avec Steller Motorsport. C’est une équipe qui m’a tout de suite beaucoup plu. »

Les 24 Heures du Mans sont un monument du sport automobile. Que représente Le Mans dans l’univers de la moto ?

« C’est une course spéciale en moto, puisque c’est une course historique. Même si on ne court pas sur le même circuit que les 24H du Mans autos, on roule sur le circuit Bugatti, comme le MotoGP. Mais oui, Le Mans, il y a cet esprit de l’endurance, l’esprit de la compétition auto, mais aussi moto. Le cœur de la France en sports mécaniques, il est au Mans. Donc oui, c’est toujours un événement particulier. C’est une course majeure que toutes les équipes veulent gagner. En plus, c’est un circuit hyper physique pour nous. En moto, tu n’as pas de répit du tout, donc sur les 24 Heures, ça secoue bien. »

Rédacteur en chef d'Endurance24 depuis 2018 et cofondateur du site, mon objectif est de le développer et d'en faire un média à part entière. J'arpente les circuits européens depuis plusieurs années afin de produire un contenu pertinent, au plus près des acteurs du monde du sport automobile.
À propos de l'auteur, Florian Defet

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